Colloque eros et societé organisé par Joëlle Deniot et Jcky Réault Uivesité de Nantes - Habiter-Pips,  EA 4287 - Université de Picardie Jules Verne - Amiens Membre nommée du CNU
 >Equipe Lestamp Fiches individuelles des Membres
Université de Nantes sociologie  Colloque Sociétés de la Mondialisation
 

Cliquer sur l'image...

 
Université de Nantes Sociologie
 
Prolétarisation des mondes ouvriers
Nantes L'excès-la-ville Histoire Sociologie
Le rire de Norma Jean Baker Marylin 2012
Hommage à C Leneveu -Il n'est pas besoin..
A so small world : interdit sociologique
Traces et contrastes du décor populaire
Variations anthropologiques
 Ethos de la juste mesure
Les ouvriers des chanson
L'envers du décor : les peuples de l'art
Les ouvriers Nazairiens ou la double vie
Parlers ouvriers, parlers populaires
Corps et imaginaire dans la chanson réaliste
Apocalypse à Manhattan
Du commun, Critique de sociologie politique
Des cultures populaires
Odyssée du sujet dans les sciences sociales
Espaces-Temps Territoires/réseaux
Corpographie d'une voix Ed. Piaf intégrale
Rapport à l'écriture
Sciences sociales et humanités
Un "art" contre-culturel, la rave..
Le temps incertain du goût musical
Hommage C Leneveu-Le poids la perte des mots
Chanson comme écriture de l'effusion
 
Les peuples de l'art
French popular music
Libre prétexte
De Bretagne et d'ailleurs
Eros et société Lestamp-Edition 2012
Des identités aux cultures
The societies of globalisation
Changements sociaux/culturels ds l'Ouest
Saint-Nazaire et la construction navale
L'ouest bouge-t-il ?
Crises et Métamorphoses ouvrières
Usine et coopération ouvrière
Transformation des cultures techniques
E Piaf La voix le geste l'icône-Anthropologie
La CGT en Bretagne, un centenaire
Espaces Temps & Territoires Lestamp-Ed.

Le Bel ordinaire JDeniot critiques et CR.

Bilan réflexif Itinéraires Sces sociales. @book. intégral

  __________________

       Evenements

Dernières parutions :

- Le genre et l'effroi d'après Judith B. par J-A DENIOT

-Chile un pais brutalment
 
25, Boulevard Van Iseghem
44000 - NANTES
Tél. :
Fax :
02 40 74 63 35, 06 88 54 77 34
02 40 73 16 62
lestamp@lestamp.com



  > Newsletter lestamp  
 

www.sociologiecultures.com Découvrez des synthèses portant sur des thèmes de la sociologie et du développement des cultures populaires, de l'esthétique de la chanson, des connaissances appliquées. Des tribunes s'engageant sur le rapport de l'anthropologie fondamentale des sociétés et des politiques aux sciences sociales, des liens vers des sites web de référence. Si vous voulez les télécharger en vous abonnant, Lestamp-copyright. cliquez ici.

La Normalité, 8° Eté du Lestamp jeudi 27 vendredi 28 samedi 29  juin 2013 Nantes

 
 

Eté du Lestamp 2012, Des hommes des femmes Inerties et métamorphoses anthropologiques

 
J Deniot M Petit-Choubrac J Réault L Danchin, 8 mars 2013 Galerie Atelier-Expo Nantes

Sociologie Nantes

Joëlle Deniot Professeur de sociologie à l'Université de Nantes - Habiter-Pips,  EA 4287 - Université de Picardie Jules Verne - Amiens Membre nommée du CNU Affiche de Joëlle Deniot copyright Lestamp-Edition 2009

Sciences sociales et humanités Joëlle Deniot et Jacky Réault : colloque l'Eté du Lestamp avec HABITER-PIPS Université de Picardie Jules Verne.
Université de Picardie Jules Verne- LESTAMP, Amiens H-P Itinétaires de recherche à l'initiative de Jacky Réault
Joëlle Deniot et Jacky Réault Etats d'arts Affiche de Joëlle Deniot copyright Lestamp--Edition 2008

Joëlle Deniot Jacky Réault 2006 Invention de l'Eté du Lestamp devenu Colloque du Lieu commun des sciences sociales

 

 
 
Prise de parole en public
Gestion des connaissances KM
Gestion des conflits
Bilan professionnel
Ingénierie de formation
Certification des formateurs
Préparation au concours
Orientation professionnelle
Formation au management public
Conduite de réunions participatives
Gestion du stress au travail
Management de projet
Réussir la prise de poste
Formation coaching de progression
Conduite du changement
Université de Nantes Sociologi eJ Deniot J Réault  CDrom The societies of the globalization Paris LCA 2007

Nantes sociologie

Pour un écosystème réel et virtuel des social scientists  et des sites ouverts à un lieu commun des sciences sociales et à la multiréférentialité

Revues en lignes,

-Pour un lieu commun des sciences sociales

 www.sociologie-cultures.com  

-Mycelium (Jean-Luc Giraud, Laurent Danchin=, Cliquer pour découvrir les nouveautés de septembre 2012

-Interrogations

http://www.revue-interrogations.org/actualite.php?ID=95li

Cliquez sur l'image pour accéder au film sur Youtube Joëlle Deniot. Edith PIAF. La voix, le geste, l'icône. de ambrosiette (Jean Luc Giraud sur une prise de vue de Léonard Delmaire Galerie Delta Paris 7 09 2012 J A Deniot M Petit-Choubrac,J Réault  L Danchin, J L Giraudtous édités au  Lelivredart


 

 
  Colloque 8° Eté du Lestamp, La Normalité,

 

Le parcours du doctorant.

Du désir de liberté au sens du réel :

 jouissance, compétition, utilité.

 

Tiré à part anticipé

 de

Antoine BACZKOWSKI

 

Doctorant au Laboratoire C3S

Université de Franche-Comté.

 

 

 

Note de l'éditeur,

 

Cet article constitue un tiré à part anticipé, - exception aux règles d'édition habituelle, eu égard aux délais d'édition et aux horizons de soutenance d'Antoine Baszkowski -  de la communication qu'il a faire lors du 8° Eté du Lestamp, La normalité : Une réinterrogation et qui a été validée par la commission scientifique du colloque.

Ce privilège ne présuppose ni adhésion ni réprobation particulières des thèses émises, de la part de la rédaction de ce site. Ce texte, selon la formule canonique, n'engage que son auteur, sur fond de la norme de parhesia athénienne qui règle la doctrine du Lestamp relativement à la liberté des auteurs.Un autre fort article, sur le terrain même de sa thèse, d'Antoine Baczkowski  La free-party Un "art" contre-culturel de faire la fête est disponible sur le site du Master EPIC, Expertises des Professions et Institutions de la Culture, dont A. B. est titulaire (M1) . www.master-culture.info -le chercher sur l'index "Publier vos textes" . Sinon cliquer sur ce lien : Un "art" contre-culturel, la rave.

______________________

 

 

 

Le parcours du doctorant. Du désir de liberté au sens du réel :

 jouissance, compétition, utilité.

 

      « Prolétaires de tous les pays, descendez dans vos propres profondeurs et cherchez-y la vérité, vous ne la trouverez nulle part ailleurs ! »

 

      Piotr Archinov, L’Histoire du mouvement  makhnoviste (1918-1921), Ressouvenances, 2000.

 

 

Jacques Lacan, traitant du sujet transcendantal, se détourne de l’expérience de la pensée cartésienne, du cogito, ou la preuve existentielle du sujet, pour affirmer que le sujet n’advient qu’à la lumière de son désir ; du ça. L’analyste corrige l’énoncé du cogito en ces termes : « je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas »[1], dès lors que je m’évertue à saisir mon inconscient, ses productions signifiantes ; la vérité de tout « appétit ». C’est depuis cette topique que je partirai « à demi-mot » pour introduire ma venue à la sociologie. Ce choix, désir d’étudier la sociologie sera dans un second temps mis en perspective : ma décision fut prise en contrepoint de notre psychologie historique relevant d’un (non) lien social pervers et marchand, jouissif, tandis que notre organisation sociale concourt à la compétition économique. Je me suis décidé à étudier la sociologie alors que l’institution à charge de son enseignement, l’université se libéralisant, voit son savoir spéculatif se mourir à l’ère postmoderne ; période où la science, sans méta-sujet, semble aussi plus vulnérable.

 

Le point de vue du doctorant, a fortiori du chercheur, se comprend par l’histoire de son désir constituant au sein de sa discipline instituée par la destination des savoirs : c’est le leitmotiv[2] de nos relations sociales, notre projet de société qui infléchit la propension humaine à s’informer. Et de l’épreuve individuelle de l’institué, de l’expérience du savoir réglé, d’un désir de savoir a posteriori contenté ou contrarié, nait une entente, le cas contraire une dissension, à l’égard du sort réservé aux savoirs, en société. Je ferai état de mon profond désaccord quant à l’orientation contemporaine du savoir, et quant à la qualité de nos relations sociales qui, interindividuelles ou collectives, encouragent son sens économique.

 

Conatus

 

Aussi loin qu’il m’est donné de remonter, j’ai toujours exécré lire, écrire ; la connaissance, ses incarnations, les enseignants rencontrés : ces dépositaires le plus souvent infatués du savoir. Jusqu’à ce que je n’achoppe sur des angoisses, des peurs inhibitrices qui, empêchant d’être, de mûrir, transissent. Abscons et rêveur, inapte, stigmatisé comme tel, je fus celui qui se détournant des énoncés, de la langue et du langage, cabriolait sans le souci d’être-au-monde.

 

D’après la théorie analytique, se soustraire au langage consisterait à vivre sans désirer, de façon illégitime : hors la loi symbolique d’une course désirante. Ce serait invalider notre hétérotopie constitutive[3], se rendre incapable d’instruire le réel du champ des représentations symboliques, se passer de l’Autre en vertu duquel nous renonçons à nos satisfactions immédiates, pour en différer les réalisations. S’aliéner le langage donc le désir, serait refuser cet inconfort maximum : le report pourtant libératoire, structurant de la jouissance. Car s’il est un dysfonctionnement du sexuel, une distanciation à l’endroit du sexuel, le désir n’en demeure pas moins cette voie donnant accès, par le langage, au domicile des représentations de la jouissance, à l’inconscient où logent les causes du désir, de la libido et des affects. Et de la connaissance de cette incorporéité, causalité psychique dépend la possibilité de faire des choix libres. Si l’érotique de la volonté était mise en échec, alors notre « détermination subjective ne [relèverait] plus de ce qui serait une aventure singulière, d’un choix singulier, mais d’une participation à l’hystérie collective »[4] fonction de circonstances économiques et de modes de consommation – de sujétion par l’objet. 

 Du symptôme, de l’angoisse à la méthode il n’y eut qu’un pas machinal, progressif : ma lente et douloureuse réconciliation avec (l’instance de) la lettre. L’implicite de cette résolution ? Être – en capacité de signifier, d’exprimer une chaîne littérale, un nœud de signifiants pour organiser in fine une parole jusqu’alors tue, absente, néanmoins conditionnelle d’une vérité[5], vitale, fût-elle personnelle et fuyante. C’est ainsi que je me suis « réveillé » sur le tard, dans l’obsession et la peur. Sous l’empire des mots.

Lacan définit la topique de l’inconscient comme langage, par l’algorithme saussurien[6], et note l’irréductibilité du phonème, du graphème à la sémantique[7]. Il y a pour l’analyste connaturalité entre l’inconscient psychanalytique et le langage, ce dernier permettant l’expression significative, la formulation d’un réseau de signifiants par le sujet du langage, l’expression d’une coprésence de morphèmes libres en une phrase. L’inconscient consiste aussi en une « matérialité » de signes, mais plus énigmatiques, imagés, psychiquement produits, s’articulant dans le rêve par métaphore et métonymie : l’inconscient signe, signale ce faisant par condensation, surimposition et déplacement, le signifiant (se dérobant à l’identification) du manque-à-être ; de l’objet du trauma. Cerner son désir, en discernant par exemple le symptôme de la blessure psychologique dont  la manifestation onirique, le sens imagé n’est point littéral, par la reprise verbale des figures « littérantes » de nos songes, en s’appuyant sur la lettre, malgré son imperfection constitutionnelle[8], est un travail sur soi, d’après soi, difficile. Néanmoins curatif, salvateur. Il est aujourd’hui possible que je comprenne mieux ce soudain attrait pour la lettre, d’après la métapsychologie lacanienne  affirmant notre prise dans le langage ; et la construction du symptôme au travers d’une séquence langagière qu’il s’agit de libérer, au sein de la cure, par une jaculation verbale.

Mon besoin de combler mon manque dans l’Autre, de me prononcer, naquit tardivement, à cette heure de mon histoire où l’école catholique m’appela à choisir une orientation professionnelle. Névrosé au cœur d’un établissement général fixant au parangon de la réussite sociale la mathématique, la Grande école et l’entreprise[9], je dus me résoudre au cœur d’une alternative se formulant en des termes kantiens. Le prix ou la dignité  

«  Dans le règne des fins tout a un PRIX ou une DIGNITÉ. Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé par quelque chose d’autre, à titre d’équivalent ; au contraire ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n’admet pas d’équivalent, c’est ce qui a une dignité. » [10]

L’école catholique réclama que je prenne place dans l’économie des biens et des services marchands, afin de faire société, par le choix d’une filière. Il m’a semblé, selon l’étalon de cette école et sa population, que la seule orientation professionnelle valable était celle qui utile à l’entreprise, dans le sillon néolibéral, exhaussait le prix. Détaché de l’argent, sujet d’une parole sans autorité ni contenus, je choisis à l’inverse au terme d’une classe de terminale redoublée de poursuivre mon apprentissage pénible de la lettre, à l’université – en sociologie.

Difficultés d’attention, lacunes linguistiques et rudiments de culture ne m’ont pas permis de précipiter une réponse dans l’urgence de l’examen, une argumentation robuste lors de l’épreuve. Cependant je me suis évertué à « persévérer dans l’être »[11], non sans mal, à m’accomplir dès lors que je pris conscience de ma servile ignorance. Ce désir de réalisation a manqué de s’évanouir un jour de soutenance : un directeur de recherches au CNRS composant le jury de mon mémoire de mastère 1 a dit de lignes de mon manuscrit, je cite, qu’elles ne voulaient rien dire, de mon point de vue qu’il était insuffisamment théorique ; et m’a suggéré par conséquent que je sorte de la voie. L’accepter aurait signifié que je vive selon l’hétéronomie de mon désir – une absence-au-monde. C’eût été impossible. J’ai persisté. L’homme a révisé son jugement, me présentant des excuses à l’occasion d’une seconde soutenance, au terme d’un mastère 2 cette fois ci réussi. Conquis, mon « verbe » prenait forme.

Puisqu’il s’agit de justifier mon choix, faire de la sociologie, faut-il que j’interpelle ceux m’ayant vu m’agiter,  « verbigérer » ; m’en ayant dissuadé. Nombreux sont ceux qui, amusés,  s’interrogèrent sur le  bienfondé de ma thèse ; sa « gratuité » manifeste, le sérieux et l’utilité de la démarche[12].

« Ce que les parents veulent désormais transmettre aux enfants, c’est une position sociale. C’est horrible ! Des enfants bien constitués ne peuvent que vouloir se marginaliser. Or, ils voient leurs parents entièrement captifs, entièrement accaparés par ce souci de l’acquisition et du maintien d’une position sociale. L’enjeu véritable d’une transmission, en outre, ce n’est pas le savoir lui-même mais le rapport au savoir : l’important, c’est ce qui le fonde, sa relativité, ses usages. Mais aujourd’hui, la question des fondements – comme la question du père – n’est plus à l’ordre du jour. Le savoir ne vaut que dans la mesure où il est technologique, où il est technique, c’est-à-dire où il donne un accès au marché. Autrement il ne vaut rien.»[13]

Je complèterai les propos de Melman, psychiatre et psychanalyste, par référence à Lyotard[14], philosophe, pour qui le savoir contemporain se comprend depuis les années 1980 selon deux acceptions bien distinctes. D’une part selon l’efficace individuelle, la performance interindividuelle dont la société a besoin mue par l’eschatologie des bailleurs de fond : la puissance, l’impérieux besoin de puissance, au principe anthropomorphique du contrôle de toute chose. Autrement-dit « faut-il être » commensurable et performatif. Ou sinon ne pas être – utile à notre culture de la taylorisation de la praxis, du rendement, de la mesure et de la maîtrise. D’autre part dans un but plus heuristique, selon le paralogisme qui tourné vers les phénomènes instables, augure d’un tout autre dessein scientifique : « la sortie de crise du déterminisme. »

Je n’ai rencontré que des hommes qui, s’inquiétant le plus souvent de leur rang, comme l’indique Melman, font de l’employabilité-au-monde et du pouvoir d’achat l’indice-étalon du bien-être, la mesure de toute chose. Nue-propriété et usufruit, matérialisme et jouissance sont au principe de la vie postmoderne dont le rapport au monde consiste en une valeur d’échange, un rapport de production, à l’interminable consommation des biens garante, dit-on, du bonheur. Ces hommes sont ceux-là même qui, pris dans la chose et chosifiés, demandent  invariablement, très misérablement, car philosophiquement acculés, à quoi ça sert ? Soit la triste, plate question (économique) des moyens qui n’interrogent ni ne valorisent les fins dernières de l’Homme, mais ses buts matériels[15]. « A quoi ça sert » donc d’interroger ça ? A se responsabiliser face à la vie, ce que demande l’acceptation de l’idée de mort. La culture postmoderne, refoulant ce que nous sommes, notre finitude principielle, parce qu’elle cultive la jouissance des biens d’une part, la prétention à infléchir selon la science, ou à discourir sur la contingence, le contre-exemple d’autre part, ne nous rassérénera certainement pas dans le mourir[16], et nous déresponsabilise par surcroît, présentement, face à la vie ; autrui – le récit métaphysique qui parlait de soi et du monde, et de soi dans le monde, n’étant plus.

Animé par la lettre, je choisis délibérément la sociologie en 2000[17], avant de m’inscrire en doctorat en 2008, à cette période de l’histoire dont les lignes de force sociétale en France sont :

 -L’avènement d’un autre Homme, sans gravité[18], ou l’avènement d’une nouvelle psychologie historique – jouissive et perverse.

- l’institutionnalisation d’un social de compétition selon l’oxymore de Jacques Donzelot[19], formulée à l’annonce de la crise financière en 2008.

- la « décomposition libérale de l’Université »[20] dans notre condition postmoderne (de la connaissance.)[21]

- le risque (économique) que la science ne soit plus sujet de ses énoncés.

 

Perversité et marchandise ; désymbolisation

 

Nombreux sont les sociologues assimilant la vie à un théâtre, sa population à un ensemble d’individus passant de rôle en rôle au gré des circonstances, des institutions. Surlignant la versatilité des étants, l’inconstance individuelle, la labilité du moi, la sociologie participe ce faisant de la difficulté (de l’impossibilité ?[22]) de l’individu à advenir sujet en société. En outre, faisant fi de la psychologie des profondeurs, préférant la connaissance immédiate que l’homme a de ses pensées et de ses actes, la sociologie se détourne à tort de la psychanalyse qui, à mi-chemin de la psychiatrie et des sciences humaines, regarde pourtant l’Homme d’un œil social, transversal ; anthropologique. Charles Melman, instruit des leçons de sa clinique, s’interroge sur ce qui fait autorité dans l’histoire de l’humanité : le culte du totem zoomorphique affirme t-il dans la tranche précolombienne ; la vénération d’un dieu fait homme, à visage humain dès 1492 ; l’objet marchand depuis 1989, la chute du mur de Berlin ou l’effondrement du communisme, la victoire du modèle productiviste américain et la proclamation de la « mort [subséquente] des idéologies politiques. » Eu égard à cette troisième étape, comment fonctionne l’appartenance à la société d’hommes ?

« La mutation essentielle opérée depuis Marx est qu’il ne s’agit plus d’un conflit entre deux classes, mais de la solidarité conflictuelle de groupes d’intérêts que le pouvoir politique cherche à piloter au mieux des avantages de l’ensemble. […] Mais ce concours de volontés, dont l’opposition se règle sur la préservation de la solidarité, cache le fait majeur qu’il n’en est plus une seule pour être en position de commandement. Elles sont toutes également soumises – même si c’est avec des bénéfices différents – à l’entretien d’un flux de production, échanges et consommations dont le seul élément matériel constant est l’objet. »[23]

 Selon Melman, le contrat social s’écrit en ces termes, par la vente de l’objet manufacturé, sa consommation. L’objet devient le médium privilégié de l’interrelation humaine, ce par quoi la structure de l’économie psychique se trouve être changée et ce en fonction de quoi elle s’organise. Fruit du capitalisme, l’objet omniprésent ainsi que l’actuelle escalade esthétique sont ce qui canalisant l’énergie sexuelle orientent l’agir humain ; les stylisations des marchandises étant conçues dans le souci d’épuiser toute fantasmagorie, le possible des univers des moi-idéaux.

Le bien de consommation a affaibli l’instance phallique qui, en la personne du père, institue chez l’enfant le renoncement à la mère, l’objet des premiers émois du petit d’homme. Le phallus, en tant qu’il est un signifiant-maître des lois de l’échange humain, faisant chuter la perte sexuelle, ce renoncement à la mère, dans le langage, transmuera ainsi la satisfaction sexuelle en un désir de satisfaction à exprimer en des symboles alphabétiques, par une chaîne signifiante : le langage. C’est la conjonction du Nom-du-Père au langage qui induisant le renoncement à la mère sexualise l’inconscient, par l’introduction de l’enfant à l’ordre symbolique consubstantiel des lois du langage. Quel est cet ordre ? Quelles sont ces lois ? Le tabou de l’inceste, « la discontinuité de la chaîne des signifiants, les substitutions de signifiants par métaphore et métonymie, la perte irréductible [de la jouissance sexuelle] impliquée par le langage, la castration. » [24] En socialisant massivement la marchandise, l’entreprise capitaliste et l’idéologie néolibérale ont institué une autre jouissance chez l’Homme, concurrente de la jouissance sexuelle à la quelle il nous faut « renoncer » et dont la médiation, le report et la traduction s’organise, avons-nous dit, par l’expression d’un désir, dans le langage. 

Cette jouissance historiquement inédite, encouragée par l’économie des biens, par l’idéologie libérale de l’enrichissement générale selon la consommation individuelle, le « laissez-faire », est objectale, locale, instantanée ; elle s’étaye sur des objets partiels dit Melman. Cette jouissance est d’autant plus insatiable, irrésistible que l’on vente, cultive son image, que l’on dise de sa consommation qu’elle nous garantisse un « appétit » repu, du moins apaisé  – le « coma de la satisfaction accomplie » selon la formule de l’analyste. C’est cette jouissance désexualisée qui, dans le déni de l’instance phallique, résultant d’une consommation sans frein de l’objet sériel, infléchit aujourd’hui la sexualité humaine dont la relation d’objet prototypique fut celle de l’enfant à sa mère ; et qui participe de la transformation de notre économie psychique s’organisant en un refoulement originaire, en une nouvelle économie de l’exhibition de la jouissance. D’où selon Melman l’avènement de cet homme sans gravité, celui qui dénué de réserve, de pudeur, pervers au sens clinique du terme, s’adressant à l’autre sans transfert[25] ni semblant[26], tend à conquérir ouvertement êtres et objets pour satisfaire sa volupté, fût-il contraint par la règle, les convenances. Cet homme nouveau se différencie du névrosé obsessionnel annulant le sexuel, la motion de la jouissance pour faire société. Lorsque l’homme sans gravité manque l’objet, c’est le dol, un scandale le conduisant à porter le vice de consentement en instance afin que réparation soit faite. Le névrosé se référait en une tiercéité symbolique, un idéal communautaire afin de réguler ses solidarités, à l’inverse l’homme sans gravité, procédurier, attaque le contractant dolosif en justice le cas échéant, afin de régler l’objet de l’inimitié. Le quotidien de cet homme nouveau, c’est une violence contenue, tapie, dont la source est l’objet ; la valeur centrale de l’objet au cœur de l’échange humain.

Emmanuel Diet[27], philosophe, psychanalyste, relie la progression des logiques perverses dans le lien social-historique à l’actuelle disqualification des méta-cadres culturels organisant la condition humaine, selon les différenciations symboliques vectorisées par le langage. Et de la possibilité anthropologique de discerner, de séparer dépend notre capacité de statuer, légiférer sur le bien, le mal, le licite, l’illicite ; ce que récuse le pervers qui déniant toute frontière, jouissant de la loi, et matois, s’épuise dans le délice grâce à autrui qu’il trompe et suborne en revivifiant chez lui l’infantile, « sa nostalgie de l’incestualité primaire. » Le déni (planifié à dessein) de la dette symbolique, l’effacement subséquent des interdits, des impossibles, enfin l’adhésion par autrui, corrompu sous l’emprise perverse, à des intentions, des promesses de jouissance sont la condition sociale et interindividuelle de la perversion. Selon Diet, la perversion est une psychopathologie du lien social : « la dynamique, l’économie et la topologie de la perversion s’avèrent irréductibles à l’actualisation des fantasmes du sujet singulier »[28], « il n’y a de perversion que du lien et dans le lien. »[29] Si Melman considère l’objet marchand en tant qu’autorité perverse, le leitmotiv corrupteur de la relation sociale, faut-il rendre compte de la dé-symbolisation qui participe également de la perversion.

Le fonctionnement du capitalisme requiert une production doublée d’une circulation fluide de la marchandise. Selon les thèses économiques, rien ne doit s’y opposer et ce pour des raisons de richesse individuelle et d’enrichissement nationale. « Tout se qui se rapporte à la sphère transcendante des principes et des idéaux, n’étant pas convertible en marchandises ou en services [dit Dany-Robert Dufour], se voit désormais discrédités. Les valeurs (morales) n’ont pas de valeur (marchande). »[30] Pour le philosophe le mode de production capitaliste exige des hommes qu’ils aient « un esprit libre de toute retenue culturelle », qu’ils soient libérés de la Culture en tant qu’elle est le dépositaire de « valeurs postulées »[31], en lieu et place du néant ontologique, et en tant que la Culture est ce symbolisme qui dès lors internalisé par l’homme ordonne son humanisation. C’est pourquoi les instigateurs néolibéraux, avec le concours tacite des professionnels du commerce, instruisent, installent l’inculture : ce lit de l’insatiabilité. La viabilité du capitalisme passant par la planification, la matérialisation de l’infini au cœur de la production, et l’induction de l’ignorance et de l’insatisfaction chez autrui devenu consommateur, il faut destituer l’Homme de sa liberté décisionnelle fondamentale, instruire, exciter son intempérance, saper ce qui à la fois bride et libère sa conduite, sa conscience comme intentionnalité, rapport à : la Culture, en tant qu’elle est d’une part horizon, rapport au cosmos, prescription anthropologique. En tant qu’elle est d’autre part reformulation du non-être passé ou futur, réponse angoissée, existentielle, individuelle et collective, au pourquoi et au pour quoi de la vie 

Le capitalisme n’aliène plus les peuples par la répression institutionnelle dit Dufour, mais, forme  inédite d’empire, par la dé-symbolisation – la déculturation. Autrement-dit par la mort de la désirance et de la pensée comme faculté humaine de représentation. Cette emprise sur l’Homme qui touche à sa métaphysique, à son autonomie, aux lois qu’il se donne et  réinvente, n’est pas, bien évidemment, perçue, vécue comme telle, puisqu’il devient malaisé de penser, de désirer, de juger ou de spéculer ; et que les animateurs sournois de l’économie revendiquent ce qui de prime abord met en joie : les ris et la liesse. Pourquoi donc s’en inquiéter ? Parce que la consommation est aujourd’hui manie, marotte, ce qui fait autorité, et que la jouissance des biens sériels durables ou fongibles s’avère être replis sur soi, épochè[32] involutive, régressive, évanouissement de la culture et engourdissement de la pensée : le consommateur est ce (non-)sujet spectateur, sensible et passif, envieux qui, ne se saisissant que comme moi perceptif, esthétique[33], se révèle asocial, acritique – comateux. Et quoi qu’en disent les bureaux d’études d’entreprise qui, malgré leur expertise intéressée et rationalisation factice,  propagande artificieuse du consommateur responsable, voilent en définitive la vérité : la victoire mortifère de l’objet sur la Culture, donc la liquidation collective du transfert, de la référence à l’instance phallique ; par conséquent le désinvestissement de la jouissance phallique et l’investissement d’une jouissance d’objet identifié et localisé dans le champ de la réalité – soit l’impossibilité culturelle et individuelle de désirer et de jouir selon son désir méconnu qu’il s’agit de reconnaître ; soit l’exhortation économique de jouir selon l’hétéronomie de désirs (pré-)fabriqués. En outre le discrédit métaphysique se généralisant stimule la perversion chez l’homme, dans une économie psychique du signe, et s’actualise au cœur de la déliaison symbolique, à l’initiative du pervers sexuel qui dévoie autrui pour (en) jouir ; du pervers narcissique qui tuant le désir d’autrui manipule son semblable. 

Les acteurs économiques détruisant la Culture se soutiennent de l’État-animateur, de la « gouvernance » d’État qui, mobilisant les citoyens à des fins de compétition économique, les mobilisent en définitive à des fins de destruction de la Culture.

 

Compétition

 

L’homme sans gravité, celui traversant tous les jeux de rôle sociologique, joue aujourd’hui dans ce théâtre du social fait à son image : le social de compétition. Jacques Donzelot l’origine au sommet européen de Lisbonne en 2000, ce conseil ayant repris et revisité le thème de la cohésion sociale à la mode dans les années 80, à l’aune de l’emploi et de la réforme économique du second millénaire. Selon la thèse de Donzelot, l’État social français n’a pas disparu. Instruit par l’économie politique européenne, néolibérale, il s’est transformé. Les politiques sociales en France visent aujourd’hui moins à réduire les inégalités sociales sous forme de redistributions, que de concourir à augmenter l’égalité des chances économiques et financières par des mesures incitatives, car « c’est l’égalité relative des chances qui fonde [la] coopération [des hommes], qui fait être une société et son insuffisance qui l’expose à sa fragmentation.»[34] Autrement-dit les politiques sociales ne tiennent plus de l’équité, ne visent plus à pacifier les relations déchirées d’une société de classes dans un cadre national, mais mobilisent tout un chacun, quelque soit son rang, sa fonction, dans un destin collectif et compétitif supranational, économique et mondial. Cette institutionnalisation du social de compétition à l’échelle européenne a causé trois modifications majeures en France dit Donzelot, sur le plan politique : l’appel à la mobilité des administrés, des citoyens ; le gouvernement par le local et sur le plan axiologique, la convergence des valeurs de gauche et de droite.

L’appel à la mobilité, en deçà des mesures incitatives manifestes, consiste in fine en une socialisation du calcul chez l’impétrant, de « l’intérêt bien compris », d’une cognition rationnelle idoine de la marche économique contemporaine. « On passe [par exemple] de la sollicitude éducative envers les mineurs primo-délinquants à un jeu d’incitation négatives et positives destinées à les dissuader de passer à nouveau à l’acte »[35] ; on invite les pauvres à sortir de leur immobilisme dans le parc social locatif par des mesures encourageant l’accession à la propriété[36], etc. Le gouvernement par le local, concomitant du concours politique à l’égalité des chances économiques, permet à la gouvernance d’État « de ramer moins pour commander plus selon l’expression d’Adam Crowford. »[37] Cette administration que l’on dit plus compétente, au fait de la singularité des lieux, des difficultés, réunit responsables locaux de service, de la société civile et de la vie politique : « le local sert de point d’appui pour une distribution plus équitable et surtout plus efficace des ressources de l’État-providence que ne le permettrait sa structuration bureaucratique traitant le territoire comme entité uniforme. »[38] Quant à l’actuelle convergence des valeurs politiques de gauche et de droite, elle s’explique par le primat de l’efficacité, la culture du résultat qui s’affranchissant de la limite bipartisane « fait feu de tout bois. » Donzelot l’exemplifie au travers du Revenu de Solidarité Active (RSA) combinant des valeurs de redistribution et d’emploi ; au travers de la délinquance se solutionnant aujourd’hui en une prévention hybride, sociale et situationnelle ; au travers des logements sociaux dont on cherche à faire se responsabiliser les bénéficiaires par l’octroi de pouvoir, afin de garantir l’urbanité, la civilité et la salubrité des lieux. Etc.

Cette politique sociale, qui promeut l’éducation aux bénéfices tirés du respect des règles, qui mobilise tout un chacun à des fins d’employabilité, d’acquisition, qui combine protection sociale et responsabilité individuelle face à l’emploi, intervention et prévention en terme de délinquance, qui encourage la démocratie participative et la redéfinition locale des postes de dépense de l’État, concourt à augmenter l’égalité des chances économiques des français. En d’autres termes il s’agit de stimuler l’économie par le social, de mettre celui-là  au service de celle-ci.

Emmanuel Kant distinguait ontologiquement le prix de la dignité, selon l’essence comparée de l’être du prix et de la dignité. A l’inverse nos dignitaires politiques internationaux et nationaux forcent leur réunion d’après leur raisonnement contradictoire et cynique, dans un social de compétition promouvant la dignité humaine –  l’Homme en tant qu’il est une fin en soi – par le ratio, le prix et l’objet ; dans l’économie concurrentielle. C’est l’idée du socius, ce social à l’allure de compagnon que l’idéologie néolibérale évide de nos consciences en nous conformant d’une part à l’ordre économique, l’utilitarisme, en nous socialisant d’autre part à la jouissance marchande, à la consommation coextensive de la compétition, à la domination et la prédation économique d’autrui. Le néolibéralisme via ses institutions supranationales plus ou moins complices, à l’exemple du Conseil de l’union européenne, du Parlement européen, de la banque centrale européenne, de la Banque européenne d’investissement, de l’OCDE[39], de la Banque mondiale et de l’OMC[40], et par ses gouvernances nationales, sape ce faisant, par le gouvernement à l’intérêt privé des peuples, l’universalité de toute proposition. Le but étant de nous faire relativiser toute idée de Culture, toute anthropologie à de l’économique pur et simple. C’est pour quoi l’Union européenne mine un de ses lieux de recel de l’humanité, l’université, dont la mission historique fut d’enseigner jusqu’alors, depuis les 13ème et 14ème siècles, un savoir hautement spéculatif afin de conserver et d’étendre les possibles ; les humanités[41].

 

L’esprit spéculatif sacrifié 

 

« C’est la vie seule, cultivée, qui peut déterminer le sens et la fin de l’utilité sociale, en ce cens, l’Université tout comme l’école, et dans sa continuité d’ailleurs, n’ont pas à soumettre les individus aux données sociétales, elles ont à poursuivre un projet culturel qui permette aux individus de s’enrichir afin de construire leur rapport au donné, à l’institué et, notamment, le rapport de la fonction, du travail, de l’utilité sociale pourquoi pas, avec la vie. […] L’Université comme l’école ont à œuvrer pour une liberté économique qui puisse « signifier être libéré de l’économie, de la contrainte exercée par les forces et les rapports économiques » participant de l’aliénation, pour une liberté politique qui puisse également « signifier pour les individus qu’ils sont libérés de la politique sur laquelle ils n’ont pas de contrôle effectif. » […] »[42] 

Ce que refuse l’Université de l’Espace européen de la recherche à autrui à l’ère néolibérale, depuis la stratégie de Lisbonne et le processus de Bologne, c’est la possibilité même d’exister disent Oblin et Vassort, « d’assumer son identité à soi-même », « de transformer l’institué, […] intégrer au processus institutionnel l’ordre d’un désir constituant ». Ce que garantit l’université néolibérale « mise sous le joug de la fonctionnalisation et de la professionnalisation, relève de plus en plus de l’unidimensionnalité technologique contre la création et la poétique qui sont déterminées, elles, à faire advenir le non-encore advenu, l’incertain, le différent, l’altérité, l’altération. »[43] Irène Bellier[44], ethnologue, anthropologue, dit de la recherche européenne qu’elle échoit « au sein du Conseil des ministres européens chargés de la compétitivité, lequel regroupe les ministres chargés de l’Industrie ou du Marché intérieur. »

« Dans ce contexte, la recherche n’est plus conçue comme source de puissance étatique ou de savoirs collectifs, mais comme un lieu de productions d’innovations brevetables et de propriétés intellectuelles qu’il convient de gouverner à distance dans un souci d’optimisation gestionnaire, au moyen d’indicateurs scientométriques et socio-économiques comparables à l’échelle européenne. »[45] « La stratégie de Lisbonne[46] vise, aux plans budgétaire et institutionnel, à mettre en place l’Espace européen de la recherche, à orienter les recherches dans un sens propice au développement économique et politique de l’Union Européenne. Le processus de Bologne[47] – mieux connu en France par la référence LMD (Licence Master Doctorat) – entend établir la libre circulation des enseignants et des étudiants, la compatibilité des diplômes et l’ouverture du marché du travail, par la mise en réseau des universités invitées à ne plus rester nationales mais à s’européaniser.  »[48]

Il s’agit donc de transformer la recherche en un marché concurrentielle de la connaissance ; faire se transformer le chercheur en un « chercheur-entrepreneur »[49] qui, mobilisant son réseau d’interconnaissance et d’intérêt, en quête de financements, réponde le plus compétitivement possible contre ses « collègues » aux problématiques du capitalisme d’information à l’ère de la troisième révolution industrielle, de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie, à des besoins de croissance et d’emploi via des Appels à Proposition de Recherche (APR), sous la contrainte européenne et intellectuelle des Programmes-Cadres Recherche et Développement (PCRD.) Les politiciens et hauts fonctionnaires orchestrant la marchandisation du savoir dans le marché européen de la connaissance, au nom de la guerre économique mondiale, du désengagement de l’État, s’assurent des rendements des recherches nationales dont les raisons d’être relevaient jusqu’alors de l’histoire et de la culture des peuples, par la pondération respective de leur performance économique en des benchmarks. Soit en amont, l’instruction de la recherche d’après une logique comptable, afin de s’assurer en aval de ses effets de commerce.

« Avec le benchmarking pour pièce maîtresse, le dispositif européen fonctionne à l’incitation, à l’émulation entre pairs et à la surveillance multilatérale, sans recours à la contrainte légale. L’idée principale du benchmarking – une technique managériale si largement employée dans les entreprises, et depuis quelques années dans les administrations publiques, qu’elle semble être devenue une évidence – consiste à identifier un modèle sur lequel fonder la comparaison et à réduire l’écart de performance séparant l’unité évaluée du modèle retenu. »[50] 

Le gouvernement Villepin sous l’autorité de Chirac a promulgué en 2006 la Loi de programme pour la recherche faisant de l’Agence Nationale pour la Recherche[51] (ANR) en 2007 un établissement public à caractère administratif dont la mission est de « favoriser l’émergence de nouveaux concepts, accroître les efforts de recherche sur des priorités économiques et sociétales, intensifier les collaborations public-privé et développer les partenariats internationaux. »[52] L’agence coopte des chercheurs, finance des recherches selon ses Appels à Projets (AAP), thématiques ou non thématique, après mise en concurrence et évaluation des « pairs.»  

L’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES) se présente comme une instance nationale d’expertise des savoirs née du processus de Bologne[53] qui résulte de la volonté de pays membres de l’Union, depuis la conférence interministérielle de Bologne en 1999, de constituer une Europe de la connaissance ; un Espace Européen de l’Enseignant Supérieur. La déclaration de Bologne du 19 juin 1999 préconise :

 « L’adoption d’un système de diplômes facilement lisibles et comparables […] afin de favoriser l’intégration des citoyens européens sur le marché du travail et d’améliorer la compétitivité du système d’enseignement supérieur européen à l’échelon mondial ; l’adoption d’un système qui se fonde essentiellement sur deux cursus, avant et après la licence. […] Les diplômes délivrés au terme du premier cursus correspondront à un niveau de qualification appropriée pour l’insertion sur le marché du travail européen. Le second cursus devrait conduire au mastaire et / ou au doctorat comme dans beaucoup de pays européens ; [la] mise en place d’un système de crédits – comme celui du système ECTS[54] comme moyen approprié pour promouvoir la mobilité des étudiants le plus largement possible […] ; [la] promotion de la mobilité [au près des étudiants et des enseignants] en surmontant les obstacles à la libre circulation […] ; [la] promotion de la coopération européenne en matière d’évaluation de la qualité, dans la perspective de l’élaboration de critères et de méthodologies comparables ; la promotion de la nécessaire dimension européenne dans l’enseignement supérieur, notamment en ce qui concerne l’élaboration de programmes d’études […]. »[55]

Le processus de Bologne donne suite à l’appel émis lors du colloque à la Sorbonne, en 1998, de constituer une Europe de la connaissance. Il est à l’initiative de Claude Allègre, socialiste, alors Ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement Jospin sous la présidence de Chirac, d’avoir organisé ce débat international dont l’AERES résulte.

Ce que nos dignitaires politiques socialisent, cultivent chez tout un chacun, au cœur de ce projet économique de société, selon leur économie politique néolibérale, c’est une rationalité instrumentale dont la raison d’être se situe en un contrôle et en un autocontrôle de gestion : l’adaptation de moyens comptables à des fins d’enrichissement est au principe même du gouvernement des peuples,  de l’administration des institutions des hommes ; du rapport individuel et collectif au temps. C’est la comptabilité, ce mode économique et social du raisonnement logique permettant d’apprécier l’activité humaine à la mesure de la richesse, et à l’aune de la satisfaction, jouissance, qui se fait connaissance,  conscience ; omniscience. La logique comptable était hier méthode. Elle est aujourd’hui téléologie, le biais cognitif de la préoccupation matérielle des parents à l’endroit des enfants, celle-là même déplorée ci-avant par Melman ; l’ « art » de la performance et du moindre coût du service publique, depuis la promulgation de la Loi Organique Relative aux Lois de Finance (LOLF) de 2001. Elle s’exprime au cœur des doléances citoyennes : c’est l’emploi, le seul pouvoir d’achat, l’unique salaire à la retraite, autrement-dit le calcul, la position et le confort individuel qui fondent aujourd’hui l’opinion politique « positive », matérielle et palpable.

 

Il s’agit là des exigences d’une cité dont la philosophie politique est néolibérale, comptable par essence, dont le mode de production est capitaliste et la doctrine, utilitaire. C’est dans ce sens unique de l’Histoire, et notre culture quantophrénique, de la chose et du résultat, qu’il convient de comprendre l’université : passant de l’enseignement spéculatif à la prestation de service, la vente de produit dont l’assurance qualité érigé en un dogme par l’ENQA[56] doit être attestée, l’université dispense dorénavant un savoir consommable dans l’espace européen de la recherche ; à vendre sur le marché européen de l’emploi, après assimilation. La consommation d’après Oblin et Vassort étant « l’universalisation des lois capitalistes de l’échange, de l’offre et de la demande selon la compétition. » Il y a donc selon eux « abstraction technocratique de la valeur culturelle de l’université par la survalorisation de la valeur d’échange d’un certain savoir. »

    Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’éducation nationale en 1984, ambitionnait que 80 % d’une classe d’âge arrivât au niveau du baccalauréat en l’an 2000. Le Parti Socialiste a massifié la population de bacheliers et d’étudiants, et ce faisant permit l’esquisse d’un marché du savoir : une demande massive de formation dans le supérieur s’exprimait à moins d’une décade du virage néolibérale de la France. Depuis les offres à l’université se sont diversifiées : plus professionnelles, celles-ci tiennent compte des besoins du tissu économique local. Le rendement permanent et la vitesse rapide étant constitutifs du capitalisme disent Oblin et Vassort, faut-il que celui-ci se réinvente sans cesse par l’instauration de modes tant en amont, dans les procès de production, au cœur des apprentissages, qu’en fin de chaîne, en aval, pour ce qui est de la consommation des biens. D’où la dispense de formations universitaires pragmatiques qui valables aujourd’hui ne le seront vraisemblablement plus demain. D’où cette vie se profilant à l’image de formation continue, indexée sur le mouvement perpétuel d’un capitalisme se révolutionnant sans cesse, cyclique, d’un capitalisme  technologique et d’information garantissant précarité, insécurité professionnelle par le CDD[57], reconversion professionnelle et zapping  des apprentissages utiles. Oblin et Vassort qualifient par conséquent, à très juste titre, l’université d’Appareil Stratégique Capitaliste (ASC.)[58]

     C’est en toute logique, comptable, qu’a été promulguée la loi LRU de 2007 sous la présidence Sarkozy, et le ministère Pécresse à charge de l’enseignement supérieur et de la recherche ; loi dite d’autonomie des universités, relative aux libertés et responsabilités des universités, se traduisant en une réforme gestionnaire de l’université : allègement de l’organigramme universitaire, pouvoir accru du président d’université, autonomie de gestion immobilière, budgétaire et de masse salariale ; possibilité de dotation par le privé. La loi LRU, si elle entérine le désengagement de l’État dans l’Europe de la connaissance, l’assujettissement des personnels universitaires et du savoir à la rationalisation comptable d’une part, aux intérêts privés qui ressortent du giron local d’autre part, elle rompt aussi le lien (fragile) qui unissait le sujet du savoir en France, le peuple, à la liberté.

« Dans la perspective du récit des libertés[59], [l’État] ne reçoit pas sa légitimité de lui-même, mais du peuple. Si les institutions d’enseignement supérieur sont bien vouées par la politique impériale [napoléonienne] à être les pépinières des cadres de l’Etat et accessoirement de la société civile, c’est donc qu’à travers les administrations et les professions où s’exercera leur activité la nation elle-même est censée conquérir ses libertés grâce à la diffusion des nouveaux savoirs dans la population. […]  On retrouve le recours au récit des libertés chaque fois que l’État prend directement en charge la formation du « peuple » sous le nom de nation et sa mise en route sur la voie du progrès. » [60]

Les politiciens de gauche et de droite n’ont de cesse de clamer publiquement des valeurs républicaines, disent gouverner eu égard ce principe supérieur, la République, ce qu’ils répudient, infirment en pratique dans leur exercice du pouvoir, par la rationalisation comptable du lien social, des institutions ; l’exhortation à l’achat et à la consommation, l’employabilité comme destinée implacable au cœur de l’Europe néolibérale des régions au service de l’omnipotente économie ; du capital. Ils sont les responsables politiques d’une société dont la division sociale du travail mue par l’objet à étrenner, consiste en une possession personnelle et une dépossession d’autrui, en une culture de l’avantage et du décompte. Ces principes atomisent la population, laminent toute autorité, toute métaphysique, tout lieu commun ; pulvérisent tout sentiment d’appartenance en une totalité. Ils plongent l’individu devenu concouriste,  contractant, dans le concret ; la dualité de l’échange prosaïque, objectal et monnayable. L’état et le devenir marchand de l’Université, ce lieu du recel de l’humanité dont le but fut de conserver l’ontologie de l’être de l’Homme entière et d’instruire quant au champ des possibles, humains, soit une condition idéelle et institutionnelle de la liberté, en est une preuve irrécusable.  

L’aspiration de l’université par l’économie centrifuge, qui exhorte celle-là  à enseigner des compétences à la place d’idéaux[61], signe l’arrêt mort de la méditation et le primat de l’utilité. Cela est d’autant plus inquiétant qu’il est aujourd’hui possible que la science énonciatrice de vérités rompe avec l’universalité de ses propositions, et perde le contrôle de ses énoncés.

 

Et le (méta-)sujet de la science ?!

 

Lyotard définit la postmodernité par l’« état de la culture après les transformations qui ont affecté les règles des jeux de la science, de la littérature et des arts à partir du 19ème siècle », dont la modification notable est « le changement du statut des savoirs dès la fin des années 1950 », notamment scientifiques, par les machines informationnelles ; l’informatique sur laquelle s’appuie l’actuel capitalisme de l’information. Le traitement par l’ordinateur de tout type d’énoncé, qu’il soit dénotatif, connotatif, narratif, prescriptif, descriptif ou déontique, a définitivement bouleversé les « opérations d’acquisition, de classement, de mise à disposition et d’exploitation des connaissances. » Et ce faisant la pragmatique du savoir, des jeux de langage entre destinateur et destinataire – le « groupe de règles pragmatiques qui constitue le lien social. » Pour Lyotard « la société relève [en effet] d’une pragmatique des particules langagières » : le lien social est jeu de langage, cette connaissance dialogique sachant justifier de la praxis humaine.

Le philosophe origine le point de passage à la postmodernité, sans retour, à l’informatique qui transcodant le référant de tout énoncé, éloignant l’énonciateur du témoin, a démodé la pragmatique plus coutumière du savoir dont l’oralité, le récit fut la forme exemplaire : les critères de compétences à l’œuvre dans la société se transmettaient par ouï-dire, narration ; fallait-il savoir dire et savoir entendre pour savoir faire. L’énoncé formaté, calibré à dessein pour le canal informatique, a rendu caduc le conte de l’histoire consubstantielle du lien social. A plus forte raison que la science s’accrédite aujourd’hui d’elle-même, après s’être défiée des récits immémoriaux et populaires de nos institutions, des grands récits humanistes, des philosophies spéculatives, d’émancipation ; en somme de « toute trame encyclopédique de l’axiomatique » affirme Lyotard, de « tout processus universel d’engendrement. » La science s’auto-légitime avons-nous vu, dans la veine du déterminisme, du positivisme de l’efficience dont le paradigme de la connaissance, tiré de la thermodynamique, est la fonction continue à dérivé : l’autolégitimation consistant en la solution d’une preuve plus pertinente, c’est-à-dire plus fine et dont l’affinement résulte d’une meilleure efficace, c’est-à-dire d’un meilleur rapport systémique  input/output.  La science ainsi faite permet d’accroître la maîtrise par l’homme de la réalité. D’où l’intérêt des décideurs et détenteurs de capitaux à son égard, naturellement sensibles à la prévisibilité des trajectoires.

« [A l’inverse] en s’intéressant aux indécidables, aux limites de la précision du contrôle, aux quanta, aux conflits à information non complète, aux « fracta », aux catastrophes, aux paradoxes pragmatiques, la science postmoderne fait la théorie de sa propre évolution comme discontinue, catastrophique, non rectifiable, paradoxale. […] Elle suggère un modèle de légitimation qui n’est nullement celui de la meilleure performance, mais celui de la différence comprise comme paralogie. »[62]

La science postmoderne, cultivant l’imprévision, pose finalement les limites de la science moderne, cette connaissance plus prédictive des objets. Lyotard ne pointe donc pas la vérité scientifique en tant qu’elle est discours sur le réel, comme parole, assertion dont on peut douter. Il ne pose pas la faillite des critères de vérification des sciences expérimentales ou formelles, ni ne pointe leurs incapacités à la réflexivité. Au contraire la science est devenue dit-il, « activité différenciante » ; « d’imagination. » La séparation des énoncés dénotatifs et éthico-pratiques étant consommée, la pragmatique sociale étant ce « monstre formé par l’imbrication de réseaux de classes d’énoncés hétéromorphes », Lyotard  interroge le sujet des énoncés scientifiques. Quel est-il ? A qui s’adresse t-il ? Quel est le destinataire de l’énoncé scientifique alors que la « métalangue universelle »,  « méta-narration de légitimation » n’est plus ? Quel est l’interlocuteur du sujet de la science alors que les canaux informatisés ont distendu le maillage social ? Qui sont le narrateur et le narrataire de l’énoncé scientifique dans notre société se structurant en une coprésence de mondes autonomes ?

Pierre Bourdieu, interrogeant le sujet de la science, écarte tout d’abord la logique transcendantale, les concepts kantiens, purs, hors expérience de l’entendement, puis récuse l’historicisation radicale des énoncés scientifiques, afin de sauver la vérité scientifique, intemporelle, ainsi le crédit du sujet connaissant ; pour en définitive les réunir, les dépasser en une synthèse sociologique réaliste et, ainsi, identifier le sujet de la science. Pour Bourdieu « le sujet de la science n’est pas le savant singulier, mais le champ scientifique, comme univers de relations objectives de communications et de concurrence réglées en matière d’argumentation et de vérification. »[63] Par « le champ » Bourdieu conserve l’historicité des normes logiques – grâce à la genèse des interrelations, contraintes et critères épistémiques du champ – tout en sauvant la raison sans ce « tour de passe-passe transcendantal » dit-il : la force du meilleur argument naît de la circulation empirique et critique du référent, entre pairs animés d’un habitus comme transcendantal historique, dans le champ, au travers « d’un processus de départialisation, de publication au double sens d’officialisation et d’universalisation. »

Cela étant Bourdieu, ne dédoublant pas le sujet de la science en un méta-sujet, en un métarécit faisant autorité, renfermant la science sur elle-même, dans le mésocosme, le champ, concède in fine d’une vision postmoderne de la science possiblement perméable à l’immanence des lois économiques. L’autonomie du nomos de l’objectivation réglée, ce jeu de contraintes récursives et collectives s’exerçant sur l’énoncé, quel que soit ce dernier, tiré du déterminisme, ou tourné vers l’indéterminé n’est pas ce qui garantit totalement l’indépendance du sujet de la science, elle n’est que la condition sociologique de l’énoncé éprouvé, de l’indubitable. A ce sujet scientifique, l’origine de l’interrogation et la destinée de la réponse scientifique m’apparaissent importantes, bien plus que les réquisits sociaux de la rigueur scientifique. Le sujet de la science, indépendant, n’est pas seulement celui qui, collectif, vérifie ses résultats, et atteste d’une issue scientifique, il est aussi celui posant la base de l’élan scientifique, la question ; celui déterminant l’insu, l’inconnu. Le vrai sujet de la science est celui qui, intègre, répond à ces critères : tant en amont de l’énoncé par l’exercice de son libre arbitre,  l’élection, la sélection de questions non édictées ou « soufflées », qu’en aval par l’objectivation conjointe. Or la postmodernité, qui infléchit l’humanité dans une praxis économique, capitaliste de la jouissance, ne tient compte que de questionnements utiles, relatifs à l’intérêt catégoriel. La norme de l’utilité fruit d’une Culture faite chose, économique, l’irrésistible question quant à la destination de nos actes et pensées dans notre la culture usuraire[64], ne deviendraient-ils pas, à terme, nos plats postulats de départ ? L’hypothèse calculée du monde ? L’a priori économique du réel ? Je ne vois pas ce qui, en dehors d’un impératif catégorique, de l’universel comme absolu scientifique, métarécit, puisse prémunir la science de l’économique, garantir qu’elle demeure activité paralogique, différenciante ; et nous assurer que les scientifiques restent au principe de la science, destinateurs et destinataires de questions, et maîtres de leurs réponses. L’authentique sujet de la science est celui qui s’adresse à un méta-sujet tenant celui-là comme (seul) responsable de ses énonciations à son endroit.

Que penser de cette société discontinue, divisée par des jeux hétéroclites, hétéromorphes de langage, où se comprendre avec autrui, en un tout, en société, apparaît maintenant difficile, peu probable ? Que penser de son système politique qui arguant de l’intérêt général, ventant la démocratie représentative, incarne en réalité une communauté d’hommes qu’il ne représente plus en un ailleurs, idéalement, au nom de sa liberté, mais « ici-bas », dans l’autosuffisance, la substance économique, l’agir au travail, dans la consommation quotidienne selon un (sur-) réalisme, sens des réalités qui flétrit à dessein l’imagination, et concourt au mutisme, au détachement ? Que penser d’une société d’hommes qui ne reformulerait plus  ses vérités en d’autres termes, qui musellerait économiquement ses scientifiques  

 

 Révolte

 

 Contre toute attente j’ai dressé le bilan d’un itinéraire institutionnel et scientifique à peine démarré, en sociologie. Nombreux sont ceux ayant mécru que je puisse m’exprimer, tenir parole[65]. L’appel de la lettre a fini par se faire entendre, désir révolte.

 Puîné, je place aujourd’hui ma sociologie sous l’autorité, le récit de la liberté et de l’intersubjectivité, en société, là où mes aînés, confondant compétition et démocratie, mettent le social « à sac » ; à disposition économique. Les « adultes » à charge de leurs « enfants » mirent fin au Grand Récit – au trait d’union. Zélés et barbares, ils désossent aujourd’hui l’universel par leur sabotage de l’université, contraignent économiquement la science, la mettant ainsi en péril : qu’adviendra t-il de ses progrès heuristiques permis par la paralogie, et de l’universalité de ses propositions? Reniant la méditation philosophique, compromettant l’exercice de la vérité scientifique, ils désidéologisent de plus les débats, individualisent et corrompent; encouragent la perversion sexuelle en tant qu’elle est « accord sur le désir tordu »[66], et la perversion narcissique en tant qu’elle est « meurtre du sujet désirant, négation radicale de l’altérité, prédation narcissique»[67] ; ce qui, par conséquent, change  notre rapport du normal au pathologique, notre relation à la folie[68].

Ces « adultes », sophistes résolvant faussement la dignité par le prix, disent qu’il faut pour vivre, se doter d’une culture d’entreprise, d’une connaissance de la gestion et de l’utilité ; et concurrere, « accourir ensemble » dans la guerre économique mondialisée, se mobiliser à cet effet, socialement, dans l’inéluctable et « naturelle » compétition. Il ne s’agit là que de jugements assertoriques, cela n’a philosophiquement rien de nécessaire. En outre, ce tempérament agonistique, dont on nous dit qu’il est « naturel », résulte en vérité de l’interdépendance humaine, de la  manière dont nous nous organisons et nous lions selon les règles néolibérales de nos institutions pilotes, françaises et européennes. La dérégulation prônée des marchés, vantant les mérites d’une transsubstantiation économique illimitée, cultive chez tout un chacun le prix, cette relation kantienne d’équivalence selon le sens de la maîtrise, de l’intention calculée, de l’indifférence larvée ou manifeste à l’égard d’autrui. Elle nous fait conjuguer la vie, dans sa pragmatique, au singulier ; dans le délice solitaire, antisocial d’une consommation impartageable, et marcher tels des automates, selon le renouvellement intempestif des choses et des compétences, d’après la loi capitalistique de la perpétuelle actualisation des modes de consommation. Cette société se mondialisant lasse notre idée de société de liens délétères, chosifiant, par l’employabilité, le « pouvoir » d’achat et la croissance ; par cette jouissance sans retenue de l’objet qui s’immisce maintenant dans nos relations amoureuses, charnelles ; au cœur de nos relations sociales, intimes ou publiques. Voilà les vrais ressorts, politiques, de l’agressivité, de la violence humaine au cœur du marché, cette lutte réglée – guerre contenue. Jusqu’à quand ? Instruit par la cupidité, le coût et le gain, s’évertuant à réduire les dépenses publiques d’une part, à pousser autrui en un sens inéluctable, unique, économique d’autre part, entreprises et gouvernance d’Etat monétisent l’humain, gèrent tout un chacun à des fins de prévisibilité, dans une économie de la compétition mondiale, dopée par un social lui étant aujourd‘hui dévolu, acquis.

 Sous condition de liberté et de subjectivité, de bienveillance mutuelle, l’idée de société ne m’effraie pas. Suis-je un doctorant idéaliste, sociologue utopiste en quête de meilleurs lieux ?  Certainement. Le non-lieu de la vie, degré zéro de la Culture me révoltant est le fait d’une culture d’entreprise complice des néolibéraux et partis de « gouvernement », de gouvernance plus justement, qui tarissent la Culture en tant qu’elle est réponse pathétique et collective d’un désir de vie, comme la qualifiait si joliment Michel Henry[69]. Ceux pointés détruisent ce qui leur nuit : la pensée, le vivant, son auto-engendrement, son éros constitutif ; ses débordements, afin de fonctionnaliser, d’« économiser » les hommes ; les domestiquer à la marchandise – pour en jouir.

 Je me suis inscrit en thèse de sociologie à cette période de l’histoire européenne et française où la marchandise fait autorité. Quid du père ? Les adultes excitent leurs enfants dans l’oukase économique, par la pulsion marchande,  interdisent de facto tout désir de vie, toute intersubjectivité, preuve de Culture et de Liberté réciproque. En deçà de cette «  économisation » outrée de notre humanité, derrière la financiarisation de l’économie que l’on dit en crise (?), se tient indéniablement, et bien plus fondamentalement, le spectre de l’inhumain,  l’entropie – la mort.

 

Bibliographie

 

Archinov Piotr, L’Histoire du mouvement  makhnoviste (1918-1921), Ressouvenances.

Bellier I., 2008/4, L’anthropologie dans l’espace européen de la recherche. Un monde à construire, Ethnologie Française, Vol. 38.

Bourdieu P., 2001, Science de la science et réflexivité, Raisons d’agir.

De Gaulejac Vincent, Roche Pierre et Hanique Fabienne (dir.), La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques, Édition érès, 2012.

Diet Emmanuel, Aujourd’hui, nommer la perversion…, dans L’hypermodernité en question, Connexions n° 97-2012/1, Éditions érès. 

Donzelot J., 2008, Le social de compétition, dans La tourmente (1). Aux sources de la crise financière, ESPRIT, N°349.

Dufour Dany-Robert, L’Art de réduire les têtes. Sur la nouvelle servitude de l’homme libéré à l’ère du capitalisme total, Denöel.

Henry M., 2008 (2ème éd.), La barbarie, PUF.

Kant E., 1997, Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave.

Lacan J., 1957, L’instance de la Lettre dans l’inconscient ou la raison de puis Freud, www.ecole-lacanienne.net.

Lacan J., 2011, Je parle aux murs, Seuil.

Lyotard J-F, 1979, La condition postmoderne, Minuit.

Melman C., 2002, L’Homme sans gravité. Jouir à tout prix, Denoël.

Melman C., 2009, La nouvelle économie psychique. La façon de penser et de jouir aujourd’hui, Érès.

Oblin N., Vassort P., 2005, La crise de l’université française. Traité critique contre une politique de l’anéantissement, L’Harmattan 

 

Ressources  internet

 

http://www.agence-nationale-recherche.fr/missions-et-organisation/missions/

http://www.aeres-evaluation.fr/Agence/Presentation/Reperes-historiques

http://www.unige.ch/formev/Archives/bologne/basic/DeclarationBologne.pdf

_____________________________

NOTES


[1] Jacques Lacan, L’instance de la Lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud, www.ecole-lacanienne.net, 1957, p.14.

[2] Au sens étymologique du terme allemand : « motif conducteur. »

[3] L’hétérotopie de S1 et de S2, dans La nouvelle économie psychique. La façon de penser et de jouir aujourd’hui, par Charles Melman, Érès, 2009, p. 45-47.

[4] Charles Melman, L’Homme sans gravité. Jouïr à tout prix, Denoël, p. 81.

[5] Jacques Lacan, Je parle aux murs, Seuil, p. 25.

[6] , ou le signifiant sur le signifié.

[7] Jacques Lacan, Op. Cit.

[8] La signification résiste au signifiant.

[9] Soit dit en passant tout ce qui fait que la prière à la paix et la prétention à universalité de l’Église resteront lettre morte et vœux pieux.

[10] Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave, p. 160.

[11] Le conatus de Spinoza.

[12] Ma thèse doctorale, sous la direction de Joëlle Deniot, Professeur de sociologie, et de Gérard Heuzé, anthropologue, Directeur de recherches au CNRS, consiste en l’identification des événements marquants d’un mode de vie festive et technoïde, motivée par les raves, free-parties et teknivals. M’appuyant théoriquement sur Michelle Leclerc-Olive dans le Dire de l’événement (biographique), je souhaite confronter ce qui a fait date dans la vie de ces jeunes gens, ce qui a instruit le cours de leur vie agitée aux sentences dont ils ont été l’objet. A plus forte raison qu’une vindicte a nourri leur répression politique. Celle-ci était nécessaire ? Celle-là, raisonnable ?

[13] Charles Melman, L’Homme sans gravité. Jouïr à tout prix, Denoël, p. 197-198.

[14] Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, Minuit, 1979.

[15] Je m’attriste et m’indigne que des sociologues aient posé cette question dans un souci de réflexivité, en ces termes, À quoi sert la sociologie ? (Bernard Lahire (dir.), À quoi sert la sociologie ?, La Découverte, 2002). Si l’on se prend  soi-même pour objet, faut-il immédiatement refuser tout biais, ici postmoderne, dans la formulation même de la question, en conséquence se refuser à poser aussitôt la question économique du service, de l’utilité de la sociologie en un point de départ orientant la réflexion.

[16] La jouissance et la science ne donnent pas sens à la vie.

[17] La discipline m’a tout d’abord apporté des réponses en la personne de Pierre Bourdieu. Je le conteste aujourd’hui. Dénoncer l’immuabilité de l’organisation sociétale en termes de classe, l’éternelle reproduction des classements dans une société d’ordre, essentialiser les classes en des traits de caractères sociaux sans solutionner sociologiquement l’aliénation, c’est se résigner, accepter l’ordonnancement ; la verticalité. Je ne le conçois pas.

[18] Charles Melman, Op. Cit.

[19] Jacques Donzelot, Le social de compétition, dans La tourmente (1). Aux sources de la crise financière, ESPRIT, pp. 51-67, N°349, novembre 2008.

[20] Selon la formule de Jean-Marie Brohm, dans sa préface à La crise de l’université française. Traité critique contre une politique de l’anéantissement,  par Nicolas Oblin et Patrick Vassort ; L’Harmattan, 2005.

[21] Jean-François Lyotard, Op. Cit.

[22] A ma connaissance, seule la sociologie clinique se préoccupe de la question du sujet. Force est de constater avec Vincent de Gaulejac, Pierre Roche et Fabienne Hanique, que les organismes de recherches et l’université y résistent – voir Vincent de Gaulejac, Pierre Roche et Fabienne Hanique (dir.), La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques, Édition érès, 2012.

[23] Charles Melman, Op. Cit., p. 264-265.

[24] Charles Melman, Ibid., p. 257.

[25] Le transfert est un concept psychanalytique relatif au savoir, au « Sujet supposé savoir. »

[26] Le semblant traite de l’assurance individuelle, de la quiétude du sujet du langage : il présente tout un chacun comme à l’équilibre instable, recherchant constamment le crédit ; l’argument. Le semblant renvoie à la fragilité humaine résultante de la vérité personnelle, toujours partielle, toujours variable.

[27] Emmanuel Diet, Aujourd’hui, nommer la perversion…, dans L’hypermodernité en question, Connexions n° 97-2012/1, Éditions érès, p.93-118.

[28] Emmanuel Diet, Ibid., p. 97

[29] Emmanuel Diet, Ibid., p. 112

[30] Dany-Robert Dufour, L’Art de réduire les têtes. Sur la nouvelle servitude de l’homme libéré à l’ère du capitalisme total, Denöel, p. 238

[31] Des principes moraux, des canons esthétiques, des modèles de vérité dit le philosophe.

[32] Au strict sens étymologique du terme, l’épochè est suspension du jugement.

[33] Du grec aisthêtikos.

[34] Jacques Donzelot, Op. Cit., p. 66-67.

[35] Jacques Donzelot, Ibid., p. 59.

[36] Jacques Donzelot, Ibid., p. 60.

[37] Jacques Donzelot, Ibid., p. 65.

[38]  Jacques Donzelot, Ibid., p. 64.

[39] Organisation de Coopération et de Développement Économique.

[40] Organisation Mondiale du Commerce.

[41] Nicolas Oblin et Patrick Vassort, Op. Cit.

[42] Nicolas Oblin et Patrick Vassort, Ibid., p. 61. Le sociologue et le politiste se réfèrent ici à Marcuse dans L’Homme unidimensionnel.

[43] Nicolas Oblin et Patrick Vassort, Ibid., p. 132-133.

[44] Irène Bellier, L’anthropologie dans l’espace européen de la recherche. Un monde à construire, dans Ethnologie Française, 2008/4 – Vol. 38, p. 605-616.

[45] Irène Bellier, Ibid., p. 608.

[46] Stratégie actée lors de la session extraordinaire du Conseil des ministres européens en mars 2000 à Lisbonne.

[47] Processus visant à harmoniser depuis juin 1999 l’administration des universités de l’Union.

[48] Irène Bellier, Op. Cit., p. 606-607.

[49] Irène Bellier, Ibid., p. 611-612.

[50] Irène Bellier, Ibid., p. 608.

[51] Elle est une agence de financement de la recherche publique et partenariale née en 2005, se présentant juridiquement à sa création sous forme de groupement d’intérêt public.

[54] European Credits Transfer System.

[56] European Network for Quality Assurance in Higher Education.

[57] Contrat à Durée Déterminée.

[58] « Ces appareils stratégiques capitalistes […] ont pour finalité, comme les appareils idéologiques, de massifier, d’unifier, mais contrairement aux appareils idéologiques d’État proposés par Althusser, ils ne se soucient plus des différenciations culturelles et historiques (comme l’école de la 3ème République qui s’adapte aux réalités et aux projets politiques français, comme la religion protestante qui, en Angleterre ou en Allemagne, favorise les desseins des capitaux et des bourgeoisies nationales), mais cherchent à s’imposer toujours et en tout lieu comme la réalité non-idéologique de la compétition en tant que celle-ci est la vie, la nature humaine universelle et, peut-être, comme cela est soutenu par quelques auteurs post-modernes, la base d’une nouvelle démocratie. »[58] « Ces appareils sont plus fins car ils ne visent plus à la formation première d’une identité restreinte (nationale par exemple) construite par les réalités historiques pour un appareil de production bourgeois national, mais à la construction d’une non-identité universelle reposant sur une fausse conscience d’identité individuelle, locale ou régionale qui vise à la production ou la reproduction de l’appareil de production, non plus bourgeois (en tant que celui-ci est historiquement identifiable à des individus), mais

capitaliste et international, ce qui est sa forme globale [Nicolas Oblin et Patrick Vassort, Op. Cit., p. 177-178.] »

[59] Le récit français de légitimation du savoir a pour « sujet l’humanité comme  héros de la liberté » –Lyotard, Op. Cit.

[60] Jean-François Lyotard, Ibid., p. 54-55.

[61] Jean-François Lyotard, Ibid.

[62] Lyotard, Ibid., p.97.

[63] Pierre Bourdieu, Science de la science et réflexivité, Raisons d’agir, 2001, p. 138.

[64] Au sens étymologique du terme – du latin usarius.

[65] Au sens littéral du terme.

[66] Emmanuel Diet, Op. Cit.

[67] Emmanuel Diet, Ibid.

[68] La perversion est l’ « unique arrimage contre la psychose, seule défense contre la psychose » dit Melman, Op. Cit., p.119-120.

[69] Michel Henry, La barbarie, PUF, 2ème éd., 2008._____________________________________

______________________________________________________________________ 

 
La rave, un " art" contre-culturel de faire la fête Baczkowski, photo M Mounier-Kuhn

La free-party

Un "art"

contre-culturel

de faire

la fête

par

  Antoine Baczkowski      

  Doctorant au C.A.S (Ehess) / Lestamp

22 rue Etienne Etiennez

44 000 Nantes

06 73 05 89 38

 

Photographe

Marc Mounier-Khun -

      

Mots clés : Free-party – Art – Contre-culture – Fête – Techno

 

 

  1.  

    ____________________________________________

     

__________________________________________

 Antoine Baczkowski  a aussi publié un superbe article ethnographique à la première personne, Mon trouble-fête, ( qu'on sous-titrerait bien "La maman le raver et les potes") dans le Livre collectif Eros et société Vouloir vivre vouloir jouir vouloir mourir vouloir tuer...

Cahier N° 3 du LESTAMP-Habiter-PIPS, Lestamp Edition Nantes, Février  2012


Joëlle Deniot Professeur de sociologie à l'Université de Nantes - Habiter-Pips,  EA 4287 - Université de Picardie Jules Verne - Amiens Membre nommée du CNU Jacky Réault directeur du GIRI CNRS 1988-1992 Léonard Delmaire, historien, Master de sociologie et Master EPIC Editeur maquettiste
 Editeurs, Joëlle Deniot Jacky Réault, réalisateur Léonard Delmaire, LESTAMP Edition Nantes 2012

 
J Deniot, J Réault et L Delmaire, Eros et Société Nantes Lestamp-Edition 2012
 
Eros sauvage, Eros sublimé : son mythe, son schème, son tragique sont inscrits au cœur des cultures, de leurs réflexivités artistiques et scientifiques.

De Platon à Freud, pour ne prendre que ces deux grandes références, Eros, symbole et/ou concept, interroge le désir, l’élan dynamique qui tout à la fois maintient l’être, le sujet dans son unité et le projette dans le rapport à l’Autre ainsi que dans la connaissance intuitive du monde à contempler, transformer ou détruire.

Car Eros ambivalent est aussi dévoration ; il est manque, faille, débordement au-delà du bien et du mal dont les pulsations biographiques définissent contours et styles de la personne, dont les pulsations historiques définissent contours et styles des sociétés.

On le nomme pulsion, force, volonté de vie – et ce n’est jamais tout à fait la même chose – car d’univers philosophiques pluriels en univers psychanalytiques, on
a, dans chaque cas, changé d’épistémologie.

Evenements

Nantes

Semaine du 4 au 10 mars 2013

 

a la Galerie Atelier-Expo

14 rue Joseph Caillé

http://atelierexponantes.blogspot.fr/2013/01/mireille-petit-choubrac-exposition.html  ,

 se déroulera l'exposition des dessins, encres, gouaches, fusains, de Mireille Petit-Choubrac qui a illustré le livre Edith Piaf, la voix le geste l'icône.. Paris, Le livredart (cliquer).

 

Le vendredi 8 mars

lors du vernissage (18 h 30), Laurent Danchin, critique d'art, animera  à partir de 19 h 15 15 une table ronde qui permettra à l'artiste, à  l'auteur, Joëlle Deniot, et à son préfacier, Jacky Réault, d'expliciter le sens et les enjeux artistiques, sociologiques et anthropologiques d'un tel ouvrage.

 

Que signifie l'insertion pérennisée dans une culture populaire et commune française  comme universelle, de la voix iconisée et des chanson d'Edith Piaf ?  

 

 Quel est le statut intellectuel d'un tel ouvrage très singulier entre sciences sociales revisitées et culture commune ?

Un débat ouvert avec la salle à l'issue duquel la chanteuse Violaine Guénec et l'accordéoniste Bertrand Bugel ont interprété des chansons d'Edith Piaf.


 


Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP


 
_______________________________________________________________
 
 
 


LIENS D'INFORMATION
 

 Paris formation    I    Nantes formation   I   Formations management   I   Formations communication   I   Formations ressources humaines   I   Développement personnel   I   Stratégies marketing LCA consultants  I  LCA formation  I  Internet informatique  I  Manouia conseils  I  Jacky Réault Mondialisation  I  Nantes l'excès la ville  I  Histoire de Nantes  I Formation de formateur   I   Formation communication   I   Formation management   I   Formation consultants   I  Gestion du temps   I   Bilan des compétences    I  Art   I   Ressources humaines I  Formation gestion stress  I  Formation coaching   I  Conduite de réunion   I   Gestion des conflits   I  Ingénierie de formation  I  Gestion de projets   I  Maîtrise des changements  I   OutplacementI I Formation Ressources Humaines    I    Prise de parole en public    I    Certification formateurs    I   Orientation professionnelle    I   Devenir consultant    I  Sociologie de culture   I  Master cultureI I Formation management    I  Info culture   I   Lca consultants    I   Formation dI   Conduite réunion  I   Formation consultants   I  Gestion du temps  I  Devenir formateur   I   Certification formateurs   I   Formation coaching Consultant indépendant  I  Ingénierie de formation  I  Bilan de personnalité  I  Bilan de compétence  I  Évaluation manager 360°  I  Coaching de progression  I  Stratégies internet E-commerce Management internet marketing    I    Création site internet     I    Référencement internet    I    Rédiger une offre internet    I   Gestion de projets e-business    I   Droit des nouvelles technologies I intelligence stratégique    I   Négocier en position de force    I    Conduite des changements    I    Management de la qualité     I    Orientation professionnelle    I    Gestion ressources humaines Ingénierie de formation     I     Gestion des conflits      I     Management et performances      I     Communiquer pour convaincre     I    Développement personnel     I     Intelligence émotionnelle Prise de parole en public  I  Gestion stress Conduite de réunion  I  Gestion du temps  I  Conduite des entretiens  I  Réussir sa gestion carrière  I  Formation leadership  I  Recrutement consultantsCommuniquer pour convaincre  I  Prospection commerciale   I   Coaching commercial  I  Formation vente   I  Management commercial   I  Négociation commerciale   I   Responsable formation Knowledge management    I    Gestion de projet internet   I Toutes les formations LCA   I   Formation consultant  I   Formation formateur   I   Colloque odyssée du sujet dans le sciences sociales Statuts lestamp   I   Publications lestamp   I   Art, cultures et sociétés  I  Partenariat lestamp  I  Newsletter lestamp  I  Livre libre prétexte  I  Livre les peuples de l'art  I  Livre french popular music Livre éros et société   I   Livre des identités aux cultures  I  Livre de Bretagne et d'ailleurs  I  Libre opinion  I  Page d'accueil index  I  Formation continue  I  Equipe lestamp  I  Décors populaires Contact lestamp   I   Conférences lestamp   I   Conditions générales lestamp  I  Sciences sociales et humanités  I  Charte confidentialité lestamp  I  Articles  I  Article variations anthropologiques Article traces et contrastes  I  Article rapport à l'écriture  I  Article parler ouvriers  I  Article ouvriers des chansons  I  Article ouvriers de Saint-Nazaire  I Article odyssée du sujet  I  Le rire de Norma
Article le poids la perte des mots   I   Article la prolétarisation du monde ouvrier   I  Article Nantes ville  I  Article interdit sociologique  I  Article envers du décor  I  Article des cultures populaires Article critique de la sociologie politique   I   Article la chanson réaliste   I   Article chanson comme écriture   I   Article apocalypse à Manhattan   I   Appel à contribution   I  Adhésion à lestamp Décor populaire   I  Publications les sociétés de la mondialisation   I   Intervenants au colloque les sociétés de la mondialisation   I  Colloque acculturations populaires  I  Colloque bilan réflexif
Colloque chanson réaliste   I   Colloque états d'art   I   Colloque chemins de traverse   I   Colloque des identités aux cultures   I  Colloque éros et société  I  Colloque espaces, temps et territoires Colloque science fiction, sciences sociales   I   Colloque les peuples de l'art   I   Colloque nommer Nommer l''amour   I   Colloque odyssée du sujet dans le sciences sociales  I  Colloque sciences sociales Colloque les sociétés de la mondialisation Colloque une vie, une ville, un monde  I  Article hommage à Claude Leneveu  I  Article Nantes identification  I  Article prolétarisation Jacky Réault
 
 

© Lca Performances Ltd