Variations anthropologiques par Joëlle-Andrée Deniot Professeur de sociologie à l'Université de Nantes - Habiter-Pips,  EA 4287 - Université de Picardie Jules Verne - Amiens Membre nommée du CNU
 >Equipe Lestamp Fiches individuelles des Membres
Université de Nantes sociologie  Colloque Sociétés de la Mondialisation
 

Cliquer sur l'image...

 
Université de Nantes Sociologie
 
Prolétarisation des mondes ouvriers
Nantes L'excès-la-ville Histoire Sociologie
Le rire de Norma Jean Baker Marylin 2012
Hommage à C Leneveu David Morin-U.
A so small world : interdit sociologique
Traces et contrastes du décor populaire
Variations anthropologiques
 Ethos de la juste mesure
Les ouvriers des chanson
L'envers du décor : les peuples de l'art
Les ouvriers Nazairiens ou la double vie
Parlers ouvriers, parlers populaires
Corps et imaginaire dans la chanson réaliste
Apocalypse à Manhattan
Du commun, Critique de sociologie politique
Des cultures populaires
Odyssée du sujet dans les sciences sociales
Espaces-Temps Territoires/réseaux
Corpographie d'une voix Ed. Piaf intégrale
Rapport à l'écriture
Sciences sociales et humanités
Un "art" contre-culturel, la rave..
Le temps incertain du goût musical
Hommage C Leneveu-J. Deniot
Chanson c. écriture de l'effusion
 
Les peuples de l'art
French popular music
Libre prétexte
De Bretagne et d'ailleurs
Eros et société Lestamp-Edition 2012
Des identités aux cultures
The societies of globalisation
Changements sociaux&culturels ds l'Ouest
Saint-Nazaire et la construction navale
L'ouest bouge-t-il ?
Crises et Métamorphoses ouvrières
Usine et coopération ouvrière
Transformation des cultures techniques
E Piaf La voix le geste l'icône-Anthropologie
La CGT en Bretagne, un centenaire
Espaces Temps & Territoires Lestamp-Ed.

Le Bel ordinaire JDeniot critiques& CR

Bilan réflexif Itinéraires S. sociales

    __________________

Evenements Annonces Reportages

____________________
 
25, Boulevard Van Iseghem
44000 - NANTES
Tél. :
Fax :
02 40 74 63 35, 06 88 54 77 34
02 40 73 16 62
lestamp@lestamp.com

  > Newsletter lestamp  
 

www.sociologiecultures.com Découvrez des synthèses portant sur des thèmes de la sociologie et du développement des cultures populaires, de l'esthétique de la chanson, des connaissances appliquées. Des tribunes s'engageant sur le rapport de l'anthropologie fondamentale des sociétés et des politiques aux sciences sociales, des liens vers des sites web de référence. Si vous voulez les télécharger en vous abonnant, Lestamp-copyright. cliquez ici.

 
 

Eté du Lestamp 2012, Des hommes des femmes Inerties et métamorphoses anthropologiques

 
J Deniot M Petit-Choubrac J Réault L Danchin, 8 mars 2013 Galerie Atelier-Expo Nantes

Sociologie Nantes

Joëlle Deniot Professeur de sociologie à l'Université de Nantes - Habiter-Pips,  EA 4287 - Université de Picardie Jules Verne - Amiens Membre nommée du CNU Affiche de Joëlle Deniot copyright Lestamp-Edition 2009

Sciences sociales et humanités Joëlle Deniot et Jacky Réault : colloque l'Eté du Lestamp avec HABITER-PIPS Université de Picardie Jules Verne.
Université de Picardie Jules Verne- LESTAMP, Amiens H-P Itinétaires de recherche à l'initiative de Jacky Réault
Joëlle Deniot et Jacky Réault Etats d'arts Affiche de Joëlle Deniot copyright Lestamp--Edition 2008

Joëlle Deniot Jacky Réault 2006 Invention de l'Eté du Lestamp devenu Colloque du Lieu commun des sciences sociales

 

 
 
Prise de parole en public
Gestion des connaissances KM
Gestion des conflits
Bilan professionnel
Ingénierie de formation
Certification des formateurs
Préparation au concours
Orientation professionnelle
Formation au management public
Conduite de réunions participatives
Gestion du stress au travail
Management de projet
Réussir la prise de poste
Formation coaching de progression
Conduite du changement
Université de Nantes Sociologi eJ Deniot J Réault  CDrom The societies of the globalization Paris LCA 2007

Nantes sociologie

Pour un écosystème réel et virtuel des social scientists  et des sites ouverts à un lieu commun des sciences sociales et à la multiréférentialité

Revues en lignes,

-Pour un lieu commun des sciences sociales

 www.sociologie-cultures.com  

-Mycelium (Jean-Luc Giraud, Laurent Danchin=, Cliquer pour découvrir les nouveautés de septembre 2012

-Interrogations

http://www.revue-interrogations.org/actualite.php?ID=95li

Cliquez sur l'image pour accéder au film sur Youtube Joëlle Deniot. Edith PIAF. La voix, le geste, l'icône. de ambrosiette (Jean Luc Giraud sur une prise de vue de Léonard Delmaire Galerie Delta Paris 7 09 2012 J A Deniot M Petit-Choubrac,J Réault  L Danchin, J L Giraudtous édités au  Lelivredart

 

                            

Variations anthropologiques


http://www.sociologie.univ-nantes.fr/deniot-jauciyer-j/0/fiche___annuaireksup/&RH=SOCIOLOGIE_FR1

 
Variations anthropologiques par Joëlle Deniot lors de journée Habiter-Pips Université de Picardie Jules Verne - Amiens
 

Joëlle-Andrée Deniot
Professeur de sociologie à l'Université de Nantes
Habiter-Pips,  EA 4287
Université de Picardie Jules Verne - Amiens
Membre nommée du CNU

Journée du 5 Décembre 2008
Habiter-Pips,  EA 4287
Université de Picardie Jules Verne - Amiens

« Ce monde est sans accueil […]
Toute œuvre véritable, comme tout individu véritable,
est d’abord un ce qui n’est pas […]
Il n’y a aucune science possible, critique possible, volonté possible
pour ce qui n’est pas.

Aucune étoile ne guidant, il faut suivre fermement l’étoile absente du langage… »


Rhétorique spéculative
, Pascal Quignard



 

Variations

 

prises au sens musical de ces transformations modales, tonales, rythmiques ou mélodiques laissant toujours entendre le thème original. Placer cette ébauche réflexive d’une dynamique de recherche sous cette image offre un avantage et un risque ; l’avantage de correspondre à une forte intuition dont je connais les plus évidents contours ; le risque de m’affronter aussi à une intuition fluide, multiforme, complexe dont je n’ai jamais vraiment explicitée les voies de secrète cohérence. Cohérence de plus toujours renaissante, recrée au fil du moment où l’on parle. En effet, tel Jean Luc Godard affirmant qu’il est impossible d’expliquer pourquoi on fait un film plutôt qu’un autre puisque son inflexion dépend des livres, des événements, des références qui vous entourent au moment de sa fabrication, tout me porte à penser qu’il en va de même lorsque l’on cherche à ressaisir son parcours intellectuel. Un motif central se dessine. Et la circonstance y joue un rôle égal voire supérieur à celui de la raison.



Ceci n’est pas …

Cette note initiale sur la variation mène d’ailleurs à une première question. En effet, je titre variations anthropologiques et non sociologiques… pourquoi ce glissement de terme, alors que c’est bien sous le sceau institutionnel de la sociologie, que ma formation fut sanctionnée, mes recherches effectuées, éditées et que c’est bien dans le dispositif universitaire de sa transmission que j’effectue depuis longtemps déjà mon professorat ?

Cette dissidence langagière désigne un malaise : le constat peu confortable, j’insiste, que se dire sociologue actuellement, c’est se penser, c’est concevoir ses objets du point de vue d’un savoir déjà achevé. Dans cette science qui semble désormais déjà close dans l’évidence de ses indicateurs, repliée sur la palette de ses paradigmes adjugés, sur la  prévision, saturation de ses chaînes causales, dans sa foi en une rationalité transparente … que faire ? On peut hésiter entre scolastique - si l’on recherche une plus grande visibilité - ou technicité pure du méthodisme, si l’on se contente d’une place plus modeste… ou bien encore, faire un pas de côté.


L’anthropologique
ici nommé est bien sûr pris comme large catégorie d’approche du social et non comme référence à une tradition instituée. L’anthropologique ici nommé renvoie d’abord à cette possibilité d’une indiscipline, d’une liberté prise par rapport à l’enfermement/achèvement disciplinaire de l’art[1] officiel de la sociologie. Mais je fais là aussi un usage hétérodoxe du concept d’anthropologie dont je n’ai pas la formation patentée. L’écart est donc double ! Pourtant que signifie dans mes travaux cet emprunt braconnier à la visée - osons dire en paraphrasant Charles Wright Mills - à l’imagination anthropologique ? Pour le résumer brièvement, je soulignerai que cela veut dire :

- Suivre dans l’appréhension de tout objet, la dimension de la longue durée[2] ; ceci revenant à postuler que tout phénomène social contient l’ombre portée d’un dogme civilisationnel (Pierre Legendre) en réactivation, en gestation ou en destruction.

- Mobiliser pour toute culture, celle du geste (pour les métiers ouvriers, pour l’art scénique du chant), celle de l’image (pour le décor domestique populaire), celle de l’esthétique circulant au quotidien, celle du roman de soi (celui d’un je, celui d’un nous que chaque informateur livre en toute situation d’entretien) toutes les formalisations et espaces métaphoriques possibles. Je veux dire aussi bien ceux de la philosophie que ceux de la psychanalyse, que ceux de la littérature, que ceux de la linguistique que ceux de l’ethnologie bien sûr … et même ceux de la sociologie (!) mais je dé
signe d’abord là les voies, les croisures d’ordinaire barrées ou du moins peu recommandées. Pourquoi ? Sans doute parce que tout élément de culture et donc de société convoque virtuellement tout le tissage des productions symboliques dont il émane et où il fait sens dans une association impensée d’échos. Pourquoi ? Parce que pour toute pratique nous avons finalement toujours affaire à ses palimpsestes infiniment cachés, pour tout thème à des anthropoï d’inépuisable opacité.

- Ouvrir l’épistémé d’un mélange des genres[3] qui situe bien évidemment votre ambition et vos ouvrages en position d’outsider, non pas solitaire, bien au contraire finalement, mais se heurtant un peu, beaucoup passionnément à l’hostilité réservée à l’inclassable ; ou se heurtant tout simplement à l’inhospitalité normale de réaction face à ce qui ne se fait pas.



Au-delà des parentés totémiques


Certes je n’ai pas débuté la sociologie dans le doute mais bien plutôt dans le ravissement. Menant parallèlement études philosophiques et études sociologiques à l’Université de Nantes, j’optai finalement pour un troisième cycle de sociologie dans un département à forte identification marxiste et à intense programmation de travaux autour de la classe ouvrière, syntagme qui, dans le milieu ambiant des années 70, semblait encore, si ce n’est aller de soi, du moins tenir la route pour interroger lucidement les mouvements d’un monde toujours ancré dans les représentations des trente glorieuses. En effet, si j’utilise dans ce moment de ma réflexion cette notion de « parentés totémiques », c’est évidemment pour désigner une filiation à laquelle je me suis longtemps identifiée.

Mais c’est pour signifier également qu’alors que mes deux principales recherches jusque dans les années 80 - une usine, phare de la métallurgie nantaise d’abord, le décor domestique des familles ouvrières ensuite - semblent bien étrangères l’une à l’autre, elles sont pourtant soeurs. Car elles sont a priori liées par le désir simplificateur de la puissance tutélaire du lieu, à savoir Michel Verret qui eut pour ambition rationnelle - irrationnelle de tout embrasser des mondes ouvriers sur une totalité de pratiques dans une combinatoire d’échelles la plus large possible. Deux objets bien éloignés en apparence donc mais amarrés à un même totem ; charge sera à moi de me détacher de cette volonté théorique et politique d’unification des « accidents de la substance » ;  charge m’incombera de laisser pousser les herbes folles du réel entre les pavés du concept. Voilà qui fait d’emblée réfléchir à l’inévitable arbitraire des cadres de toute initiation ; toutefois puisqu’il faut bien admettre la nécessité et la part de vérité de toute convention formatrice, telles furent les miennes.

J’entrai donc dans la recherche en sciences sociales par le chemin d’une véritable monographie d’entreprise dont je ne trouvais finalement que très peu d’exemples déjà réalisés dans la sociologie française des années 80. Il n’y en eut d’ailleurs pas davantage par la suite[4]

Ce fut l’expérience
de groupes ouvriers réels[5] en situations hétérogènes de travail, en identifications inégales par rapport aux conflits, aux organisations syndicales en place, par rapport à l’épopée combative, par rapport à cette mémoire sublimée du lieu et de ses collectifs. Il est vrai que cet établissement intégrant unité de production et unité d’habitation, était une exception notable dans l’industrialisation de l’Ouest français. Cette singularité régionale de cité ouvrière, densifiant les contrôles patronaux, mais aussi les sociabilités et les solidarités réactives en constitua donc le mythe fondateur, perpétuant au-dedans et au dehors, cette image d’un ethos de classe sans faille avec laquelle chacun devait plus ou moins s’arranger[6] et cela à l’heure même de mon enquête tandis que disparaissaient les dernières maisons en bois de l’enclos batignollais …

Outre la nécessité où j’étais confrontée, d’une formalisation inductive pour saisir cette différenciation multiforme, m’éloignant déjà de l’emprise des modèles rationnellement étanches, quelles sont les plus insistantes empreintes réflexives laissées par cette étape de recherches qui, de la maîtrise à la thèse jusqu’à la rédaction d’articles et d’un livre, s’est échelonné sur environ six années ? J’insisterai sur trois points : le faire valoir ouvrier des qualifications, la lecture ouvrière d’un travail de sociologue, l’irruption de la pensée figurale (Yves Bonnefoy) dans la connaissance.



-Le faire valoir ouvrier des qualifications

La trace la plus active de cette enquête sera bien mon approche des savoir-faire ouvriers et plus encore celle des modalités de leur verbalisation, ce qui au passage, m’incite à déplorer les basculements d’une sociologie du travail intégrant toute les complexités savantes, bricoleuses, éthiques, esthétiques du métier vers une sociologie désincarnée de l’emploi. Mais chance d’époque, lors de mes investigations de terrain, l’emploi n’avait pas supplanté la concrétude des métiers. C’est donc plutôt en phase avec l’air du temps disciplinaire que j’entrepris in situ cette étude des savoirs producteurs métallurgistes.

Le plus frappant - outre le descriptif très riche des habiletés - réside sans doute dans le fait que chacun … chaudronnier, soudeur, machiniste, ajusteur, outilleur ou traceur s’employa à me parler de son métier sous sa valeur fondamentale d’indépendance. Machinistes et soudeurs se considérant plus autonomes que les chaudronniers ; les ajusteurs, les traceurs vantant leur liberté suprême dans le procès de production ; les chaudronniers de l’établissement se trouvant plus libres que leurs collègues intérimaires qui eux-mêmes, affirmaient détenir la palme de l’indépendance.

Cette récurrence inattendue au regard des propos sociologiquement convenus sur les postes d’exécution des productifs, m’interrogea et m’interroge encore : était-ce là (en deçà de leur récit d’une indéniable expérience, bien sûr) paroles d’hommes en rivalité mimétique ? Ligne de conduite adoptée face à une femme les interviewant ? Est-ce un trait défensif né du sein même de l’usine ? Ou bien un modèle de conduite enracinée dans l’écosystème domestique matériel et idéel de ces familles de l’Ouest (Emmanuel Todd, Jacky Réault[7]) ? Quelle que soit la perspective adoptée - aucune ne s’excluant d’ailleurs - de l’OS au jeune entrant avec BTS en poche, interrogé quelques années plus tard, ni les uns ni les autres ne se posaient en objets victimaires ; voire même si l’on suit cette déclaration modulable mais transversale d’indépendance[8], ils se posaient  bien davantage en sujets qu’en assujettis.

S’il en allait ainsi c’est aussi que cette parole sur les gestes moteurs et mentaux du métier en acte n’était évidemme
nt que faiblement socialisée que ce soit dans les échanges quotidiens ou bien dans l’argumentaire syndicale[9]. Elle échappait donc en large part au prisme du conformisme des représentations fédérant l’unité de tout groupe. Cette échappée relative - dont je ne prends ici qu’un indice - avait pour mérite de mettre en lumière des faire valoir de la qualification résonnant comme tactiques, ruses d’appropriation proches de ce que Michel de Certeau note comme le plus vif des cultures populaires[10], voire même des modalités ordinaires de la culture. Cette échappée plus individuée de la représentation eut  donc pour avantage de me décentrer de la stricte logique classiste et de me rendre déjà plus sensible à la dimension populaire - cette notion si problématique - de la culture ouvrière, alors que c’est plutôt l’inverse qui fit et fait encore règle.

Mais toute pensée étant toujours en tension entre deux pôles contradictoires …

Cette usine vue selon le spectre de cette économie d’indépendance hiérarchisée, ainsi découverte  au fil d’énonciations moins durablement et moins intensément circonscrites par un discours collectif … tous ces éléments m’ont également blindé contre toute pente d’embaumement des ouvriers dans un en - deçà du statut de classe[11], autrement dit dans la relégation domestiquée d’une ainsi nommée « condition ouvrière » ; syntagme anachronique se déployant entre bonne conscience et stigmatisation de fait, que l’on vit refleurir, sous des plumes illustres, quand la classe ouvrière comme réalité historique s’effaçait et que son concept ne risquait plus de mordre !


-La lecture ouvrière

 A l’opposé  de cette expérience, ce qui a clos cette étape de recherche, le débat ouvert autour du livre sorti à propos de cette monographie[12]. De la discussion où les représentants syndicaux furent les interlocuteurs quasi exclusifs, je garde un certain malaise. Au delà des compliments de courtoisie, je vis se dessiner un lectorat d’abord tourné vers les informations qu’ils jugeaient les plus efficaces pour leurs actions : descriptifs de « climat », de composition sociale d’atelier, de réception différenciée des initiatives militantes. Normal. Mais l’inquiétude vint d’ailleurs, bien sûr. Écartant d’un geste bref toutes les paroles vives sur les métiers et même celles sur les solidarités spontanées de postes, seuls les portraits, les récits susceptibles de renvoyer une mémoire -miroir de « l’âme éternelle » des Batignolles, mobilisaient chez eux attention et passion.

Au printemps dernier, on me demanda pour un film pour partie financé par la mairie… de dresser le même tableau figé dans son écrin légendaire politiquement officialisé en somme[13] !

Autrement dit ce qui était implicitement demandé à l’ethnologue, au sociologue c’était donc d’assurer une fonction instruite, compréhensive de relais idéologique. La sociologie n’était-elle que cet entre - deux du savoir, hésitant entre utopie heuristique et réalisme de l’instrumentation partisane ? Quelle ne fut pas ma surprise de constater quelque dizaine d’années plus tard, que ce que je considérais et considère toujours comme un risque de la raison, était désormais devenu norme d’excellente bienpensance disciplinaire. J’écrivis dans l’étonnement sceptique et dans la foulée de ce constat  A so small world : inter-dit sociologique et idéologie de la mondialisation[14] prenant pour cadre de cette communication le colloque du Lestamp de Décembre 2004 sur Les sociétés de la mondialisation organisé par Jacky Réault, Joëlle Deniot et Bruno Lefebvre.


-L’irruption de la pensée figurale

Yves Bonnefoy dans son analyse de Goya et de ses peintures dites « noires »[15], distingue pensée verbale et pensée figurale. Par pensée figurale, il tente de cerner un mode d’intelligence de la réalité, au plus près de l’expérience sensorielle, sensible se manifestant sous forme d’images que celles-ci soient visuelles ou bien qu’elles soient langagières. La pensée figurale c’est ce laisser passer de l’intuition d’un essentiel que l’on peut peindre, que l’on peut graver sur la pierre, couler dans le bronze ou bien alors tailler dans le poème, faire seulement surgir dans la langue[16]. Ce qui est ici suggéré ressemble à la thématique du rêveur éveillé de Gaston Bachelard, ce philosophe qui si bien installer sa réflexivité dans une belle dialectique entre régime diurne - cet enchaînement serré, logique des concepts - et régime nocturne - cette associativité fluide des métaphores - au sein de l’acte discursif.

J’évoque Gaston Bachelard car c’est par son intermédiaire, par se travaux sur l’imagination de la matière que je suis parvenue à entrer dans une approche compréhensive - voire même intime - de la qualification ouvrière. Aussi surprenant que cela soit, c’est grâce à la poétique de La terre et des rêveries de la volonté en particulier que j’ai commencé à entrevoir ce que je pouvais enquêter et interpréter des gestes métallurgistes. Au départ de cet écart anthropologique singulier dont je parlais en introduction - écart dont je suivrai le cours - il y eut donc une curieuse confluence de deux sources fondatrices d’intelligibilité.

D’un côté, il y eut Marx, pour le concept de coopération et l’inscription du travail ouvrier au sein de rapports sociaux antagonistes. D’un autre côté, il y eut Bachelard pour penser la dimension œuvrière du savoir faire producteur. Entre ouvrier et oeuvrier… quelque chose était en train de s’entrelacer, de germer du sein même de cette monographie d’usine.


Des fissures et des fils

Le décor ouvrier, c’est ainsi que ma thèse d’État fut intitulée dans la programmation du Lersco. Tout de l’ouvrier : l’en soi, le pour soi et … le chez soi (formule de Bachelard[17]) devait être capté sous l’optique du rapport de classe. Mais un questionnement me taraudait : par quel miracle l’ouvrier, sorti de sa situation usinière, restait-il un ouvrier ?  Pourquoi une fois quitté son « bleu de travail », n’allait-il pas comme toute personne, partiellement du moins, s’évader de cette contrainte d’appartenance et de rôle pour devenir un père, un frère, un amant, un promeneur… autrement dit un sujet multiple à facettes a priori inconnues.

Ce qui était posé ce n’était plus l’éventualité d’une chaîne causale linéaire entre l’empreinte usinière et le décor domestique de stylisation nécessairement ouvrière mais au mieux la superposition de strates de déterminations à temporalités et niveaux décalés où se jouaient des cultures de couple (mariant ouvriers et employées), des cultures d’enracinement (plutôt rattachées à celles des ruraux de l’ouest), des mimétismes de vicinalité (à base sociale hétérogène), des souvenirs de lignée, des signes d’idéaux de soi … dont l’enveloppe matérielle de l’appartement, de la maison allait tacitement permettre de suivre le tracé[18].

En conséquence, je poserai avant toute définition trois postulats se démarquant de ce qui est écrit ou doit s’écrire sur le goût des classes zoologisées
[19] comme « dominées » :

-1°) Il n’ y a pas d’esthétique de la nécessité

-2°) Le chez soi des ménages ouvriers n’est pas le lieu -prétexte d’une esthétique ouvrière mais l’espace où par touches individuées, se retrouve le puzzle d’esthétiques populaires segmentés en divers sous-systèmes symboliques[20].

-3°) Il ne s’agit pas de décor ouvrier mais plutôt d’un bel ordinaire, titre que je donnais d’ailleurs au livre issu de cette nouvelle enquête échelonnée sur huit années environ.

Pour préciser davantage comment cette recherche a finalement déplacer les lignes de mon itinéraire intellectuel et de ses impulsions de départ, j’aborderai trois points :

-
 quelques remarques sur l’esthétique populaire
-
 la notion d’inspace
-
 la notion d’iconotexte


-Remarques sur l’esthétique populaire

Esthétique… ce principe de l’émotion passive, active devant l’embellie. Le chez soi - sur ces diverses modalités juridiques de jouissance - est bien dans les ménages ouvriers comme dans beaucoup d’autres, ce lieu privilégié de la mise en scène de ses modes, parcours, normes, maîtrise et rêves de vie. Toutefois contrairement à ce qu’une vision hâtive pourrait supposer ou même contrairement à ce que nous savons de la centralité de la figure maternelle dans les ménages ouvriers (Richard Hoggart, Olivier Schwartz, Elisabeth Lisse[21]), le décor est dans l’habitat, affaire d’hommes et de femmes, affaire de «  producteurs associés » ; certes plutôt respectueuse d’une division traditionnelle des tâches (bricolage léger / bricolage lourd ; jardin d’extérieur/ plantes d’appartement ; pose des tapisseries/ pose des voilages ; fabrications de napperons, de canevas/ fabrications de puzzle, de maquettes)  mais mobilisant tous les temps, forces, expressivités disponibles ; voire même ceux de l’ascendance, de la fratrie ou des collatéraux dans les phases rudes de l’aménagement.

Nées d’une coopération acharnée d’investissements[22], la résultante et la dynamique de ce paysage privé (dont le primat est ici plus qu’ailleurs peut-être, fortement affirmé) entrent bien dans cette zone d’incertitude d’une esthétique populaire, c'est-à-dire tout à la fois partagée et multiforme, puisqu’ ayant spontanément mis à l’œuvre diverse routines, sensibilités, gestes, regards, héritages sacrés de minutie, d’harmonie ou d’objets.

Il s’agit par cet objet non seulement de glisser sans hésitation de l’ouvrier au populaire, mais aussi de délaisser le syntagme de « classes populaires » au profit de celui plus adapté de « milieu populaire », même si « milieu » garde encore la trace d’une trop grande homogénéité et le souligné trop exclusif, trop mécanique d’une topique d’appartenance.

D’autre part, angle des pratiques fabricatrices, angle des espaces d’accueil, des espaces plus privés, angles des maximes et proverbes affichés, angle des objets-cadeaux, des emblématiques de voyages, angle de l’auto- symbolisation photographique, angles des mondes végétaux, des enveloppements textiles, des images, des motifs… chacun de ces prismes nous conduit vers des textures du populaire à géométrie et à temporalité variable. Loin de la grammaire unifiante de l’ethos de classe, ce réel nous renvoie à une fragmentation des logiques de références, d’emprunts, d’invention ; il nous renvoie à une combinaison mobile de sédimentations culturelles, à des expériences également plus lointaines, des expériences ancestrales, oubliées de ce commun stratifié d’où sourd notre histoire et que désigne  la catégorie aussi ambiguë que profonde du populaire.



- Inspace

L e terme de ce critique d’art anglais me semble très exactement nommer ce qui fut l’une des pistes les fécondes de ma recherche sur le décor, à savoir la résonance de ces objets privés et de leur emplacements invitant au-delà de leur paysage matériel, à des voyages au plus près de leurs significations les plus intériorisés. Comment passer de l’objet décor au sujet décorant[23] ? Les travaux consacrés aux ouvriers ne me furent pas d’une grande aide pour ce renversement de problématique. Il faut dire que le décor et l’ensemble des gestes qu’il suppose est en soi une culture silencieuse. Il appelle l’image plus que la parole.

Pourtant là encore ce sont trois travaux extérieurs à la sociologie et à l’ethnologie qui vont me permettre de mieux regarder ces espaces et de mieux questionner mes interlocuteurs. Ce sont les travaux de Gérard Genette sur la relation esthétique, les travaux du psychanalyste Didier Anzieu sur le moi-peau et les enveloppes psychiques et plus encore les travaux de Patrice Hugues, plasticien, historien, anthropologue du tissu qui vont m’assurer cette réorientation.

Je vais pouvoir grâce à cette stimulation d’une sémiologie plus universelle, aller à la cueillette de propos non seulement biographiques et donc individués sur cet espace - signe, mais encore me tourner vers des récits d’intime proximité ressentie pour quelques objets - phares fonctionnant comme de véritables analogon de la personne. Sur ce fil d’une grande subjectivation de l’objet, je tenterai d’entrevoir quel symbole d’arrière plan se cache derrière le symbole montré.


-Iconotexte

Ce concept forgé par l’artiste Michael Nerlich[24] cherche à indiquer un champ de réflexions sur le rapport texte et image photographique. En effet, cette recherche ne mit face à l’obligation de travailler constamment avec l’image, cette archive sensible dont les sociologues et même les ethnologues se méfient toujours un peu. Or avec l’image sur les différents registres des données existantes et surtout de la constitution de données – témoin et mémoire, de la constitution d’un corpus sélectif, de relais d’interaction dans l’enquête mais aussi de support heuristique que j’ai travaillé intensément tout au long de cette enquête (1000 clichés environ, plusieurs visites pour 70 ménages). Dans l’investigation et dans la restitution d’un texte faisant circuler le sens entre le verbe et l’iconographie[25]. Tout ce jeu de déplacement posant avec de plus en plus d’acuité la question de quelle écriture en sciences sociales[26] ?



Suite réflexive : le défi sémantique

Ce maniement d’images, cette approche des esthétiques ordinaires m’amenèrent vers d’autres glissements d’intérêts dont le travail de latence demanderait des parenthèses et détours qu’il n’est pas de mise de développer ici. Je dirai simplement que d’enquêtes en enquêtes, d’observations en rencontres et interviews s’imposa à moi la déception réitérée d’une perte. La perte de ce qui sur le vif du terrain, m’était apparue comme la forme la plus éruptive de la présence de mes interlocuteurs, à savoir leur voix ; cet élément péri -linguistique qui disait tant de la personne, de la situation, de l’interaction, des sous-entendus biographiques mais dont le souvenir était bien fragile ; ce geste qui intuitivement livrait beaucoup mais dont la restitution, voire même l’évocation en pointillé semblait hors de portée du dicible, de la saisie raisonnée des sciences sociales.

Il eut donc un assez prenant moment de bascule où je me suis orientée ver un maximum d’approches existantes sur la vocalité (Phonologie, Psychanalyse, Philosophie, Esthétique, Anthropologie, Histoire de l’art, Musicothérapie, Linguistique, Sociolinguistique, Sciences du langage, Musicologie, Littérature). Symptôme de mon lien persistant à mes objets de recherche initiaux et devenus identifiants, j’ambitionnai un premier chantier sur les parlers ouvriers[27]. Déroutée par l’ampleur de la tache et surtout gagnée par la conviction grandissante qu’on ne pouvait avec ce type de sujet, procéder par découpage d’indexation sociale a priori, je me tournai assez vite vers un autre objet de recherche, vers un autre déroulé de la parole signifiante[28] où la voix est au centre de l’écoute, à savoir vers le chant et plus précisément encore, vers ce chant commun qu’est la chanson.

Depuis treize ans désormais, sur un corpus de chansons dites réalistes dont il s’agit, au-delà de l’étiquetage de rechercher l’histoire, la genèse dans les formes de l’expression populaire afin d’en envisager d’éventuelles filiations contemporaines, je me concentre sur la compréhension de l’icônisation de certaines grandes voix féminines de la scène française. Voix de femmes, pourquoi ? Parce que ces dernières nous mettent sur la longue durée, au cœur de l’Eros fascinant de la présence vocale[29]. Cette affirmation réfutable demanderait bien sûr d’amples débats (je la livre là à l’état brut !). Parce que plus prosaïquement, cette fois, elles furent les premières dans l’histoire scénique de la chanson à l’amplifier émotionnellement d’une intense dramaturgie interprétative, vocale et visuelle. C’est cette lignée d’une esthétique du destin, cette histoire baroque du désir, de l’amour et des larmes s’adressant à tout un peuple que je me suis employée à suivre via la théâtralité et l’authenticité de ces chants qui nous parle de culture du sentiment, de civilisation des émois, de tensions historiquement variables entre retenue et effusion, de société, de socialité jusque dans ces voisements de la mélodie, des mots et du geste.

C’est ainsi qu’après avoir travaillé sur dix ans environ sur des figures emblématiques comme celles d’Yvette Guilbert, de Fréhel, de Berthe Sylva, de Damia, d’Yvonne George, de Lys Gauty, de Marianne Oswald… sans oublier l’arrière plan sans tête d’affiche, d’une chanson populaire de métiers et de pays, je me suis dans mon dernier ouvrage terminé au début de l’automne 2008,  concentrée sur celle que je n’avais pas pu manquer dans mon tour d’horizon, sur celle dont le mythe reste, chose inouïe, encore passionnément vivant dans ce début de siècle, à savoir Edith Piaf.

Près d’un demi siècle après sa disparition, hors propos des ambiances musicales actuelles, on l’imite, on la re-présente. Des plus pâles reprises aux plus troublantes compositions, il existe autour d’elle comme une invraisemblable frénésie de réappropriations. S’abreuvant à son mystère, des comédiens et des  chanteurs cherchent à capter son identité, à s’emparer de ce visage, de cette histoire, de ce timbre, incarnant toujours l’idéal d’une voix à dimension presque oraculaire.

Le cœur de l’ouvrage est consacré à la stylisation du personnage et de la personne d’Edith Piaf, à l’avènement de son iconicité. Il s’agit de saisir les langages scéniques (systèmes symboliques verbaux et non verbaux) véhiculés par les prestations de l’artiste. Cette étude conjuguée du visage, des postures, des chorégraphies, du corps, de l’espace de cette voix chantée prend pour appui empirique un tissage de matériaux sonores et iconiques : affiches, photographies, scénographies d’expositions, extraits audio-visuels de concerts et de chansons.

A travers notamment le montage de séquences détaillées de chansons célèbres et moins célèbres de ce répertoire, il s’agit d’aller au plus près de la grammaire de ces gestes[30] vocaux pris du sein même de l’art interprétatif qui s’y manifeste, comme outils de lecture sensible d’une culture des affects, d’une modélisation des sentiments, d’une manière de signifier l’indicible ... à moment donné de l’histoire sociétale. Une fois bien cernée cette calligraphie de la voix de Piaf, j’en confronte l’identité à celle d’autres grandes interprètes de la chanson française : encore Damia, mais aussi Barbara, Juliette Gréco, Catherine Ribeiro. Car une fois estimées les différences sémantiques, les métamorphoses musicales, on peut se demander si nous n’avons pas aussi affaire à un même élan, à une même poétique féminine du geste tragique poursuivant son histoire.

Ce travail fait et la confrontation menée durant toute l’aventure de cette recherche face aux différentes figures de l’indicible : Comment dire la voix ? Comment dire le visage ? Comment dire le geste ? Je ne sais si je suis parvenue à poser quelques balises sur les chemins d’indépassables secrets. Je sais seulement que cette traversée de l’écoute et de l’image de la voix des chansons m’a conduite vers des expérimentations inédites de saisie de l’objet à traiter, vers une expérience phénoménologique de la réception qui chahute le tabou de l’objectivation, vers la réitération ethnologique de cette réflexivité emphatique sujet/objet comme partie prenante du savoir se constituant[31], vers la revendication délibérée d’une écriture nourrie du savoir des lettres et des humanités …en bref, vers la nécessité hétérodoxe d’une autre sociologie de l’art[32].

Autre sociologie  que je consentirai volontiers à  nommer sémiologie, au sens de Ferdinand de Saussure qui subsumait sous cette notion -vision l’étude de la vie des signes dans la vie sociale en accordant d’ailleurs aux gestes et aux rituels quotidiens, une place essentielle dans ce champ de savoir imaginé. Mais sans doute ce jeu d’étiquettes déboucherait-il sur d’autres querelles terminologiques et surtout il ne parviendrait pas à calmer les gardiens de la Discipline. En conséquence, je persisterai à qualifier cette recherche d’anthropologique. Plus précisément, je la désigne par un nouveau syntagme, comme Anthropographie esthétique appliquée.

Cette étape achevée (sans délaisser l’analyse des grands mythes populaires de la chanson), au titre des projets, il me faut travailler à un niveau plus théorique sur l’axiomatique de cette anthropologie esthétique mise en œuvre, il s’agit de mon horizon le plus proche d’écriture. Et parallèlement, je commence un chantier sur l’anthropologie latente de quelques grands écrivains et/ou essayistes vivants contemporains.


Joëlle Deniot, 5 02 09


«
 Voir une image,
c’est saisir le vestige d’un passage,
trouver dans cette trace la place du spectateur que nous devenons. »

In Qu’est-ce que voir une image ?
Marie Josée Mondzain, 2008
http://socio13.wordpress.com


 



[1] Rattaché au sens premier de techné qui dit savoir-faire et puis savoir y faire aussi…
[2]Dans sa communication Alain Maillard soulignera la distinction entre temps historiques et temps sociaux
[3]Approche complémentariste ainsi nommée par Georges Devereux ethnopsychiatre et dont la question est fondamentalement abordée par Yves Gérin lors de cette journée d’études de l’axeIII sociabilités et légitimations : approches sociologiques de l’EA 4287 Habiter-PIPS.
[4]Bien rares sont en effet les études sociologiques qui vont enquêter les ouvriers là où simplement, ils occupent leurs fonctions et où l’usage de la catégorie n’a donc pas a priori à se dilater idéologiquement.
[5]Lors des échanges Gérard Déhier souligne avec ironie et un certain désabusement, ce contraste entre ouvriers théoriques et ouvriers réels
[6]Elisabeth Lisse sur son propre terrain, celui d’une cité à image fortement désymbolisée, retrouve en 2000-2006, un phénomène semblable de mythe positif unifiant posant les bases d’une identité collective réactive.
[7]Jacky Réault, Ouvriers de l’Ouest, in L’Ouest bouge-t-il ? Son changement social et culturel depuis trente ans, ATP CNRS Ed. Reflets du passé, Nantes, 1983
[8]Dans le débat de cette journée, Pierre Cam insistera sur le cadrage juridique de la qualification, autre vecteur-clef de cette vive conscience d’indépendance.
[9]Anne- Sandrine Castelot  expose comment a contrario de la littérature existante, elle s’attache à saisir l’impact intime de l’engagement syndical, pour les personnels de l’encadrement, cette fois.
[10]Cultures autrement abordées par Sébastien Peyrat, à propos des jeunes gens issus de l’immigration et sur le thème des conflits entre justice et droit.
[11]Cet en deçà désigne ici pour moi le déni de toute virtualité de fondation même datée, même passée de ces personnes et collectifs salariés en sujets de l’histoire. Manière de croiser au fil des débats, cette proposition avec l’accentuation émise par Stephen Bouquin sur le double refus et d’un optimisme et d’un misérabilisme du regard dans l’appréhension des mondes du travail.
[12]Joëlle Deniot, Usine et coopération, Métiers, syndicalisations, conflits aux Batignolles, éditions Anthropos, Paris, 1983
[13]Le pain noir et les roses rouges, Film de Marc Grangiens, 2008
[14]In cd-rom, livre codirigé par Jacky Réault et Joëlle Deniot The societies of globalisation Lestamp, 2006; une première version de ce texte est consultable sur www.lestamp.com
[15] Yves Bonnefoy, Goya, les peintures noires, éditions William Blake, 2006
[16]Développements sur ce thème in Joëlle Deniot La photographie, une sociologie off² ? In www.master-culture.info , conférence 2006 au Diaporama festival de la photographie à Nantes
[17] Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, P.U.F, 1957
[18]Joëlle Deniot, Ethnologie du décor en milieu ouvrier, le bel ordinaire, L’Harmattan, Logiques sociales, Paris, 1996
[19] Expression empruntée à Jacky Réault
[20] Joëlle Deniot, Le décor textile, les murs et la table in Ethnologie Française, Paris,  1985
[21]Elisabeth Lisse, « On est quoi, nous ? » D’une génération à l’autre, des vies au sein de la cité Ney, thèse de doctorat de sociologie, 2005, Université de Nantes
[22]Il faut bien sûr là distinguer entre appartement, maison individuelle ; entre phase de stabilisation des salaires et période plus critique.
[23] Joëlle Deniot, Figures intérieures, in Cahier du Lersco, 1992
[24]Michaël Nerlich, Qu’est-ce qu’un iconotexte ? Réflexion sur le rapport texte - image photographique in Iconotextes sous la direction d’Alain Montandon, Ophrys, Paris, 1990
[25]Joëlle Deniot, Intérieurs ouvriers, l’ambiguïté iconographique in Archives sensibles, images et objets du monde industriel et ouvrier, sous la direction de Noëlle Gérôme, éditions de L’ENS Cachan, 1995
[26]Que j’aborderai explicitement dans deux articles : Echos d’absences et restitution ( 2002),  Le poids, la perte des mots - au fil de l’enquête (2003).
[27]Joëlle Deniot, Parlers ouvriers : la perspective des dynamismes vocaux in Métamorphoses ouvrières, tome 2, L’harmattan, Logiques sociales, Paris, 1995 ; texte remanié 2005 Paroles ouvrières sur www.sociologie-cultures.com
[28] Surtout si l’on se réfère au répertoire français et plus largement francophone.
[29]Ceci vaut pour l’espace lyrique et ses divas, y compris pour le trouble à nouveau mis à l’honneur des voix de haute-contre, héritiers des castrats.
[30]Les historiens me furent d’une grande aide dans l’appréciation de ce poids culturel des gestes. J’avais d’abord le somptueux éclairage du livre de Jean-Claude Schmitt, La raison des gestes dans l’Occident médiéval que je gardai en mémoire et en fiches ! Durant cette journée, Geneviève Hoffmann, à travers la présentation de son travail sur les stèles funéraires attiques, illustra de facto la pertinence des croisements disciplinaires dans la saisie de la complexité.
[31]Question soulevée par Christophe Baticle à propos de son enquête sur les chasseurs de la baie de Somme et croisant d’ailleurs une des propositions de Stephen Bouquin : décider de faire dans son travail de sociologue ce que personne d’autre ne pourrait faire à sa place. Cette centralité de l’expérience reste en effet le plus précieux bien de la connaissance.
[32]Antoine Baczkwoski qui travaille sur les raves et la musique techno fera part de son débat intellectuel avec les paradigmes existants en ce domaine.

 


Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP


 

Sociologie de la chanson et de la voix

 

Prochain passage de Joëlle Deniot à France Culture, lundi 22 juillet 21 heures dans l'émission La vie en Piaf de Maylis Besserie




 
_____________________________________________




 
 
 


LIENS D'INFORMATION
 

Statuts lestamp   I   Publications lestamp   I   Art, cultures et sociétés  I  Partenariat lestamp  I  Newsletter lestamp  I  Livre libre prétexte  I  Livre les peuples de l'art  I  Livre french popular music
Livre éros et société   I   Livre des identités aux cultures  I  Livre de Bretagne et d'ailleurs  I  Libre opinion  I  Page d'accueil index  I  Formation continue  I  Equipe lestamp  I  Décors populaires
Contact lestamp   I   Conférences lestamp   I   Conditions générales lestamp  I  Sciences sociales et humanités  I  Charte confidentialité lestamp  I  Articles  I  Article variations anthropologiques
Article traces et contrastes  I  Article rapport à l'écriture  I  Article parler ouvriers  I  Article ouvriers des chansons  I  Article ouvriers de Saint-Nazaire  I Article odyssée du sujet  I  Le rire de Norma
Article le poids la perte des mots   I   Article la prolétarisation du monde ouvrier   I  Article Nantes ville  I  Article interdit sociologique  I  Article envers du décor  I  Article des cultures populaires
Article critique de la sociologie politique   I   Article la chanson réaliste   I   Article chanson comme écriture   I   Article apocalypse à Manhattan   I   Appel à contribution   I  Adhésion à lestamp
Décor populaire   I  Publications les sociétés de la mondialisation   I   Intervenants au colloque les sociétés de la mondialisation   I  Colloque acculturations populaires  I  Colloque bilan réflexif
Colloque chanson réaliste   I   Colloque états d'art   I   Colloque chemins de traverse   I   Colloque des identités aux cultures   I  Colloque éros et société  I  Colloque espaces, temps et territoires
Colloque science fiction, sciences sociales   I   Colloque les peuples de l'art   I   Colloque nommer l'amour   I   Colloque odyssée du sujet dans le sciences sociales  I  Colloque sciences sociales
Colloque les sociétés de la mondialisation Colloque une vie, une ville, un monde  I  Article hommage à Claude Leneveu  I  Article Nantes identification  I  Article prolétarisation Jacky Réault
 
 

© Lca Performances Ltd