« Les êtres humains s’accordent dans le langage.
Ce n’est pas là une conformité d’opinion, mais de
forme de vie. »
Wittgenstein, p. 126- in Lire Wittgenstein
Panoptès
D’abord un simple constat
Bien des productions sociologiques consistent à prendre paroles
et interventions de quiconque pour en disséquer les préjugés de
mauvais aloi. Ainsi les sociologues s’avancent-ils sur la scène
éditoriale et médiatique, comme ils l’ont toujours fait, mais
sans doute de façon de plus en plus manifeste et radicale, comme
maîtres tout puissants des discours d’autrui.
Puis une référence gardée en mémoire
Michel Serres dans les cinq sens (Grasset, 1985) parlait
à propos des sciences sociales, déjà fortement marquées par la
sociologie, de cette tentation panoptique propre à ceux qui se
désiraient critiques et jamais critiquables ; présence
observante sans opacité observable. La méthode des sciences
sociales[1]
écrit-il, « filoute les filous, trompe les trompeurs, elle vole
les voleurs, fait la police chez les gendarmes, surveille les
voyeurs, trahit les menteurs, étudie les faibles et les
misérables, les exploite en leur prenant de l’information, leurs
petits secrets, leurs derniers biens » … et d’ajouter « Ceux qui
s’occupent des hommes se tiennent toujours dans cet angle mort
du sujet actif, dans son dos ».
Portée sous un nouvel éclairage
Si ces propositions pouvaient passer pour objection classique
d’une philosophie inquiète de la marche des sciences sociales
dans les années 80 – c’est d’ailleurs comme telles que je les
entendis alors, comme lectrice de ce texte, à peine entrée dans
ma carrière universitaire, en sociologie à Nantes - elles
résonnent cependant aujourd’hui tout autrement. En ce début de
siècle, où se croisent (fortuitement ? on peut aussi en douter) d’un côté macrocosmique, l’emprise unidirectionnelle des
centres économiques et stratégiques sur le développement des
peuples, des États et des nations et de l’autre - microcosme
parmi d’autres - le monolithisme accéléré de l’investigation et
de l’interprétation sociologiques sur le monde tel qu’il va, on
peut réexaminer la question de cette tentation, voire de ce
syndrome panoptiques au cœur du discours et de la tournure
d’esprit sociologique.
Dans l’urgence de la réflexivité
Non seulement on peut … mais il me paraît crucial de le faire ;
pour comprendre finalement comment le sociologique participe
largement, involontairement ou non, de la bien-pensance de la
normalisation souhaitable du monde, de la vie et des esprits.
Cette urgence, elle vient de l’observation des étudiants en
formation, de discussions avec des collègues, des thésards, de
cette réflexivité inscrite dans les actes, ici et maintenant,
suscitée par la force de l’expérience personnelle, qui en tisse
la toile de fond. Il ne s’agit donc pas là de prendre le point
de vue de l’exégète, à partir d’un corpus de référence dont la
constitution n’est nullement achevée, voire interminable d’un
seul point de vue ou même de plusieurs points de vue croisés.
Il s’agit seulement, à partir d’une ethnographie
d’indices critiques cueillis au jour le jour, conviés par le
réel immédiat, de se lancer dans le fil de cette intuition
globale - intuition toujours vraie si ce n’est jamais certaine[2].
Il s’agit de se lancer vers quoi ? Quelques prolégomènes à une
épistémologie future … peut-être. Aussi dans ce mouvement pris
dans le frémir des signes, à cette étape initiale ne
choisirai-je pas l’épais manteau de la rhétorique démonstrative,
mais une exposition plus aérée, avançant par postulats, dans la
forme brève de l’aphorisme.
Silence à vivre et à penser
C’est un débat ancien pour l’ethnologie que de savoir ce qui
fait source : les informations collectées sous l’impératif de
cohérence d’un corpus raisonné ou bien tout le donné qui – au
delà même de votre conscience - atteint votre corps et votre âme
et vient par éclats ? Il existe une curieuse et constante
résistance en sciences sociales à faire source de ces premiers
objets venus… ceux qui vous surprennent ou captent de façon
abrupte, ceux qui vous enseignent brutalement. Toutefois comment
saisir le social, ses métamorphoses, ses grandeur et décadence,
en laissant échapper ce qui se signale ici instantanément, ce
qui affleure à la surface, dans le flou, ce qui vous heurte de
plein fouet. Ce sont pourtant ces matériaux refoulés, peut-être
les plus réels, sûrement les plus silencieux, que je me suis
cette fois résolue à prendre pour guide de randonnée
Ligne de faille
Nous savons tous, par ouï dire ou mieux par examen, que la
sociologie, en tant que discipline instituée, traverse une grave
crise de sectarisme dont on peut tenter, si ce n’est de délier,
du moins d’inventorier les nœuds, eux-mêmes amarrés aux actuels
basculements du monde.
Un climat
Doctorants se ( nous) demandant s’il est permis de citer tel
auteur, interdit de mentionner tel autre, s’il est exigé de
faire allégeance au moins langagière, à quelque pensée-culte
considérée comme puissante, bref … bien au-delà du nécessaire
exercice d’adaptation de l’impétrant, tous ces avatars d’un
conformisme anxieux constitue le symptôme le plus routinier de
cet état critique. Il est bien loin d’être le seul. En effet
cette fièvre de conformité tend à mutiler toutes les pratiques
de recherche, d’ invention, d’écriture ; elle tend à transformer
tout un chacun : les plus cyniques en « animaux stratégiques[3] »,
les plus généreux en équilibristes menacés.
Une clôture
Manuels nombreux servant de plus en plus souvent de base à
l’enseignement, ou bien livres de synthèse sur une question
de société mise à l’ordre du jour, permettent de constater
que nous sommes en train de passer à l’ère de l’auto-référence
hypertrophique. Il est rare que les sociologues parlent des
sociétés, tant la comparaison et la concurrence de leurs propres
écrits les occupent. S’il est normal en toute science, pour
définir une thématique, de baliser l’historiographie de ses
questionnements, il est abusif d’en faire le point d’orgue de sa
démonstration.
A suivre cette pente, l’exégèse supplante le texte et l’on entre
alors dans le moment scolastique décadent d’un savoir pris dans
la rengaine des paradigmes repérés voire momifiés. Je n’ai pas
prétention à dire que cette pente est bien celle qui globalement
se dessine, tant les productions sociologiques sont éclatées,
tant elles se distinguent selon les spécialités, tant elles
parviennent aussi à respirer dans bien des interstices, sous des
plumes d’auteurs audacieux. Je n’ai pas prétention à dire cela
puisque je n’ai pas suivi la voie studieuse et lente de relevés
systématiques, mais une autre démarche plus directe et plus
impressionniste certes, mais dont on verra au fur et à mesure
quel type de sociologie machinale elle éclaire et permet
pourtant de cerner.
Les traces d’un repli
Je peux toutefois affirmer qu’une telle tentation peut se
ressentir - en témoigneraient l’argumentaire des commissions,
des expertises, celui parfois des rapports de thèse - dans la
circulation diffuse d’un sens scientifique commun, du
moins que l’on proclame scientifique et que l’on veut commun.
Cette tentation autiste se manifeste également par le simple
indice, un peu décalé, un peu indirect d’une inflation des
questions de méthodes, cette petite cousine modeste de la
théorie et du métier de sociologue, mais dont la présence
s’impose désormais sur l’ensemble du cursus de l’étudiant de
sociologie.
Le concept et son double
A force d’exhorter, de s’exhorter soi-même à construire la
réalité sociale, les mots sorciers ont fini par refermer leurs
pièges. Construire la réalité sociale[4],
comme on reconstruirait le monde[5],
cette chose à portée de ses projections savantes : bien des
intitulés de cours, des titres de chapitres se rangent,
consciemment et/ou par habitude, sous ce slogan identificateur.
Et si l’obsession du construit, sans doute également mécanisme
de défense dans la culture sociologique[6],
ne faisait que déclarer la prévalence d’une glaciation des
concepts sur le surgissement de la réalité : événement,
histoire, différenciation, singularité, altérité, corps, voix,
présence, ombre, énigme, résistance, sacré ?
La question mérite
d’être posée au moment précisément où plus que jamais, il s’agit
de faire de la compréhension la plus large et la plus vigilante,
une arme de vie et de dignité. Il ne s’agit plus de construire
la réalité sociale, il s’agit de ne plus l’éviter, d’aller à
elle, de l’écouter au jour le jour, il s’agit de sortir de la
science-fiction. J’ajouterai que l’on saisit d’ailleurs mieux
comment dans ce contexte où l’obsession de l’objet construit
suppose finalement l’amnésie du réel, toujours déjà adjugé par
la discipline, bien des appels intransigeants et bien des
rappels maniaques « au terrain », au tout terrain même,
constituent bien plus qu’une nécessaire compensation, un
véritable leurre.
Le piège d’Argos
Ainsi pourrions-nous pointer l’un de ces premiers nœuds de la
crise : sans doute le retournement de l’observatoire panoptique
contre soi-même. En effet si l’outil et la posture panoptiques -
grâce divine qui vous conduirait, tel Argus, à percevoir le
point de vue du point de vue, à découvrir et pouvoir penser tous
les profils des corps, toutes les facettes des actes à la fois -
s’exercent à merveille sur les comportements, opinions,
pratiques, usages et mœurs de l’autre, il s’exerce d’abord dans
la prison du champ où tous veillent à la surveillance de
tous, le meilleur chien de garde étant encore soi- même, sa
propre soumission, son inhibition, sa peur.
Au-delà de l’angoisse, l’alliance
Si elle parle souvent de domination, la doxa sociologique
parle bien peu de la peur, cette grande dompteuse des collectifs
et des âmes ; ce que l’anthropologie des fondamentaux n’avait
d’ailleurs pas éludé dans ses textes les plus classiques[7],
nous apportant là, sur ce questionnement des tensions
intra-pyschiques archétypales, des refoulements, des conflits
conscients/inconscients, des névroses ethniques au principe de
la règle sociale et de l’intervention culturelle, une véritable
ressource, confirmant s’il en était encore besoin, la nécessité
de ce lieu commun des sciences sociales, fortement évoqué
par Jacky Réault en début de colloque, puis différemment, mais
plusieurs fois relayé au cours des ateliers.
Unique, implacable
Comment la sociologie, celle qui se montre, occupe la place du
moins, comment cette forme savante des représentations de la
société, s’articule-t-elle à l’accélération mondialiste qui
touche désormais toutes les sphères et strates de la vie
sociale ? A cette question centrale que je me pose, je
répondrai : pour l’essentiel, elle s’y articule en la mimant…
c’est à dire en se faisant l’écho, selon ses propres analyses et
ses propres rhétoriques, de cette idéologie de l’inéluctable qui
est au cœur des dynamiques et du schéma mondialistes.
Une fatalité sans visage
Globalisation, mondialisation, ces vocables[8]
nous propose un constat, un devenir, une fiction, un avenir
frappés au sceau de la froide et impérieuse nécessité, une sorte
de laïcisation intégrale, définitive du Destin ; destin dès lors
privé de ses moires, de ses dieux souverains pour régner en
revanche non plus seulement sur une vie, une personne, une
lignée, un peuple… mais sur de vastes ensembles sociétaux et
civilisationnels ; les entraînant vers un achèvement, une
réalisation à l’identique : même modernité invoquée, même
rationalité supposée des économies, des gouvernances, des mœurs,
des imaginations, des symboles, des identifications, des rêves,
des sujets … estimés à l’aulne d’un pragmatisme violent.
Miroir, mon beau miroir
Si les sociétés sont dites prises dans cette inéluctable loi de
la force, sans agents identifiables, si leurs dynamiques sont
sensées commandées par des processus tendant à évincer leur
histoire, les voilà réduites – de façon idéelle du moins - à
des engrenages prévisibles, à des totalités maîtrisables, à des
matériaux réifiés … bien taillés comme tels pour susciter le
désir du politique et du sociologue[9]Traiter les
faits sociaux comme des choses, plusieurs générations d’étudiants, dans le fil de leur
apprentissage, ont maintes et maintes fois, répété l’injonction
Durkheimienne, désormais si banalisée. Pourtant le contexte
actuel lui offre sans doute plus qu’un lifting, un
pseudo-espace d’expérimentation.
En effet la mutation
mondialiste n’est-elle pas aussi ce passage critique - et ce
délire de passage tout à la fois- vers une chosification des
énergies, des cultures, des mises en lien des hommes ? N’est-ce
pas là l’horizon d’un monde enfin ramené à une physique, une
mécanique sociales, objet parfait dont le sociologue rêve dès
l’origine pour rejoindre l’empyrée des sciences exactes - et ce
même si l’ethos sociologique semble désormais bien plus attiré
par la prescription que la description, par la discipline
éducative des esprits que par la recherche théorique subtile.
N’est-ce pas là l’aubaine d’un monde prêt- à -penser, toujours
déjà pensé ? En ce sens, le schème mondialiste contient l’utopie
positiviste de la sociologie. Il lui tend son miroir.
Un regain de positivisme stabilisé
Il ne s’agit pas ici d’entamer une critique du positivisme ce
qui est déjà fait et très bien fait, il s’agit seulement de
souligner le fait que la mutation mondialiste par ce biais de la
chosification tendancielle des échanges humains et des
interventions sociales, confère un au choix positiviste, un
nouveau statut.
Georges Devereux[10]
montre que, lorsque la schizophrénie devient psychose ethnique
de nos sociétés complexes développées, ses symptômes finissent
par se confondre avec les comportements les plus culturellement
valorisés et par conséquent avec les comportements apparemment
les plus normaux (absence d’affectivité, irréalisme rigoureux,
morcellement des engagements etc).
A la manière dont Georges
Devereux explore ce phénomène d’inversion de la réalité et de la
raison, il faudrait montrer que le mouvement et le modèle de la
mondialisation tendent à incarner l’esprit de cette évidence des
choses sociales sans sujets, qu’elles tendent ainsi à donner une
valeur et un poids de normativité, à un postulat des sciences
sociales dont on semblait avoir, depuis longtemps, éprouvé le
paradoxe et les limites. Sans développer une telle
démonstration, je me contenterai de dire que le schème de la
globalisation propose à la sociologie, l’illusion de la
découverte - ou le simple usage instrumental - d’une loi de
l’attraction universelle dont elle dispense l’idéologie
chronique en toute intransigeance et sans modération.
Tautologie
La mondialisation nous renvoie continuellement l’écran d’un
monde unique[11]
à travers - entre autres - mille signes et messages intimes et
quotidiens : objets usuels des modes alimentaires,
vestimentaires, cosmétiques touchant à notre apparence et notre
être ; objets artistiques privilégiant, pour l’oreille,
l’ambiance sonore des musiques amplifiées, pour l’œil,
l’imagerie efficace des effets spéciaux de préférence à
résonances sexuelles, horrifiques ou destructrices. Et c’est
finalement à travers la gamme étroite de quelques modèles de
conduite et d’inconduite[12]
- indéfiniment répliqués - modèles pratiques, mais aussi
stylistiques, moraux, esthétiques que s’instille, dans la
société, la culture de la mondialisation. Vigilant, de tendance
évolutionnisme, le sociologue se précipite dans le décryptage
hâtif d’un nouveau processus unilatéral de civilisation des
mœurs, version Elias, mais remastérisée.
En recherche d’image
d’unicité, l’idéologie de la mondialisation rencontre la
sociologie en recherche de processus institutionnels
homogénéisants, aptes à simplifier sa lecture austère du texte
des sociétés et du monde[13].
Nous pointions l’un de ces premiers nœuds de la
crise sectaire de la sociologie dans un possible retournement
de l’observatoire panoptique contre lui-même. Sans doute pouvons
nous désormais en pointer un second, si la mondialisation
projette un univers ou un chaos dont la sociologie anticipe dans
son discours l’effet de réalité, nous voilà assis dans le train
fantôme de la pure tautologie. Ce n’est pas un bon endroit pour
apercevoir le paysage. Tautologie de l’univers et de la pensée
est aussi dé-réalisme qui lui-même nourrit l’esprit dogmatique.
Dans ce renvoi circulaire des représentations, sociologie et
mondialisation produisent du monde indifférencié ; l’une et
l’autre mues par le désir d’avènement d’une conformité en
l’espèce d’hommes gérables, dépaysés, sans mythe[14]
ni propension métaphysique, sans passé ni mélancolie. Sociologie
et mondialisation produisent du monde indifférencié,
dédifférencié, par ce désir convergent d’une humanité ramenée à
l’identique. D’une part et selon le souhait libéral :
l’identique d’une espèce humaine, trop humaine conduite par les
lois et penchants de la nature ; d’autre part et selon le
souhait de la sociologie disciplinaire : l’identique d’une
humanité maîtrisée par les voies d’une socialisation
unilatérale.
« Que le monde aille à sa perte »
Les fausses panacées ou utopies de la « mixité sociale », de la
désexualisation, du « jeunisme », de la désacralisation des
personnes et des actes, du risque zéro, du zéro défaut pointent
ce fantasme Post human[16]
d’une humanité, épurée de tout rite et de toute ambivalence ;
elles constituent un socle minimal commun d’interprétations
utiles au mondialisme et au sociologisme. En ce sens, on
postulera que la mutation mondialiste tend à constituer
l’idéologie spontanée du sociologue, pouvant s’imaginer ainsi
enfin tenir en mains son objet -le social[17]
pour enfin pouvoir penser et agir sur des systèmes humains
intégrés[18].
C’est ainsi qu’en ce contexte, Sociologues de scène et
Politiques fondamentalement s’entendent sur la même illusion
d’un regain de pouvoir sur des programmes de société captive
dont on organiserait les mouvements et planifierait l’avenir.
Ainsi la mondialisation relance-t-elle l’idée d’une science
sociale de la table rase, d’une nouvelle humanisation dénaturée
- surnaturée, refaite à l’aulne dérisoire de nouveaux démiurges
ayant tué les dieux anciens. Bien des productions sociologiques,
pensées fragiles, inquiètes de reconnaissance immédiate suivent
la pente de cette pseudo - vocation mondiale ; suivent cette
idée diffuse de vies réduites à leurs codes de conformité, à
leurs formes enfin vidées de tout sens… ô bonheur de
l’objectivité, certes résiduelle, mais enfin trouvée …
Sur cet inconscient nihiliste et le jeu avec ses mécanismes de
défense, l’art sait être plus autrement plus vrai et plus
profond. En l’occurrence, je pense à Marguerite Duras
s’exprimant sur son film le camion, parlant de cette
intention contemporaine à rejoindre la perte du monde
en un gai désespoir, en y ajoutant ces propos : « Ce n’est
plus la peine de nous faire le cinéma de l’espoir socialiste. De
l’espoir capitaliste. Plus la peine de nous faire celui d’une
justice à venir. Sociale ou fiscale ou autre. Celui du travail,
celui du mérite. Celui des femmes, des jeunes, des Portugais,
des Maliens, des intellectuels, des Sénégalais. Plus la peine de
nous faire le cinéma de la peur. De la révolution. De la
dictature du prolétariat. De la liberté. Plus la peine /…/On ne
croit plus rien. On croit : joie, on croit : plus rien. »
Le sociologue et ses pauvres
Si l’idéologie sociologique et idéologie mondialiste vont
s’épaulant, c’est aussi à travers un certain nombre de
déplacements. L’un de ces déplacements les plus usités consiste,
pour les sociologues, à passer dans le domaine de la
prescription morale volontariste. C’est ainsi que l’on voit le
thème de l’éducation devenir la préoccupation centrale de toute
une formation ; je me réfère d’ailleurs là, comme simple relevé
de symptôme, à l’exemple local. Vue sous cet angle, la mutation
mondialiste prépare en pratique et en représentations, cette
ascension du sociologue, en grand instructeur, grand réformateur
des peuples toujours déjà adjugés comme sexistes, fumeurs,
buveurs, chasseurs, racistes… Satisfaisant alors, à
peu de frais, au passage, son devoir d’esprit critique et /ou
d’engagement, le sociologue s’adosse à la visée mondialiste
globalisante pour devenir, en toute objectivité, inquisiteur des
mœurs et normalisateur des pratiques communes.
La tentation normative en sociologie, est ancienne[20].
D’ailleurs observer, n’est-ce pas déjà, comme le suggère
Jean-François Laé, chercher à prendre l’homme
quelconque sur le fait, la main dans le sac[21]
Toutefois si cette tentation est ancienne, peut-être
consubstantielle à la position d’observant et si tous les
discours sociologiques convenus sont facilement hantés par cette
vocation à refaire les hommes, à les évaluer selon ce qu’ils
devraient être en méprisant ce qu’ils sont[22],
la période actuelle offre un terrain d’élection à cette remontée
de l’esprit éducateur, à ses bornes éradicatrices. On pense à ce
glissement vers une épistémé régressive qu’évoque Michel
Serres parlant d’un présent où les sciences sociales alors
qu’elles n’ont jamais été aussi idéologiques, tendraient à
réabsorber les sciences exactes comme elles l’avaient fait dans
l’Antiquité[23].
On en vient non plus à confondre maladroitement sociologie et
travail social, mais à jouer de leur confusion, dans un
dispositif idéologique où une sociologie fermée, unique est dès
lors posée comme savoir régulateur et théorie pensante des
missions du travail social. Cet horizon d’une sociologie en
prolongement des services sociaux, on le retrouve dans les
sujets d’études des étudiants de maîtrise, dans un idéal de
calque de la recherche, en manque de sponsoring, sur une
supposée demande sociale, désormais envisagée , ici et
maintenant, mais forcément ailleurs également, plutôt du côté de
l’humus associatif, celui des structures municipales,
territoriales que du côté des entreprises privées. En effet,
c’est bien le monde de la non-insertion, cet envers de la
mondialisation en marche, qui offre aux sociologues une
véritable planche de salut, si l’on en croit la litanie bien
appréciée[24]
des sujets consacrés aux exclus, aux immigrés, aux précaires et
autres victimes prêtes à être digérés par la bonne parole
sociologique.
Bonne parole, surtout parole redoutable de l’étroite volonté
d’assainissement de tous ceux que l’on a d’abord assigné au
statut de pauvres, cette indignité, ce hors-monde dont on ne
revient pas. On pourra alors en toute rigueur scientifique,
parler de cet Autre, ainsi dépouillé du moindre point de
convergente humanité avec soi. N’est-ce pas là le miracle de
l’objectivation accomplie ? La classification sociologique
faisant de grands progrès, je lisais récemment l’annonce d’une
conférence à Nantes, non pas sur les banlieues ghettos,
non pas sur les quartiers sensibles, mais sur les
populations problématiques, rien que çà … le fantôme des
classes dangereuses, sans doute. Désormais clochards, zonards,
dealers, mendiants, putains, SDF, nomades de hasard, musiciens
fauchés constituent toute une palette comparative de parfaits
objets sociaux ; peut-être l’aboutissement de la Res
Sociologicae en recherche de l’humain annulé, de cette chose
et de ce rien réunis dans le même étymon. Dans ce fil, un
doctorant me parlait, il y a une semaine, de son sentiment
violent, d’être passé de la sociologie à la zoologie.
Bienheureux les sociologues toute la gamme des indigences
s’ouvre à eux. Elle est féconde la misère du monde[25].
On peut même trouver des financements, qui renforceront le
sentiment de votre valeur et de votre utilité. Hypocrisie,
imposture, catéchisme d’un savoir à bout de souffle ? j’hésite
et j’entends cette réflexion de Michel Serres : L’homme
triche dans les sciences sociales où l’abus fait
loi. La méthode dans les sciences sociales qui pose les
questions et suspecte les réponses, ne se pose jamais la
question du droit qu’elle a d’agir ainsi[26]…
J’ajoute : Vous qui, avec outrecuidance, croyez regarder
tout de vos yeux toujours ouverts, votre lucidité ne vous
baigne-telle pas de larmes ?
Du sein des classes parlantes
Populations indigentes, comportements illicites, cultures
archaïques, c’est tout le peuple qu’il faut dénoncer, redresser,
sauver, plaindre et abolir à la fois. La sociologie en ce sens
a pris le refoulé tendanciel de la mondialisation pour objet,
intervenant sur les deux faces de la domestication des peuples.
Côté cour, on pratique la discrimination négative, par rapport à
des peuples salariés, ouvriers, ruraux, par rapport à des
peuples autochtones, ordinaires, établis dont tous les
mouvements, les expressions, les rites, les formes de vie sont
examinés selon leur irrémédiable, voire coupable, obsolescence,
elle-même évaluée à l’aune la plus aseptisée, la plus déréalisée
des cultures et des classes les plus mondialisées. Côté jardin,
on pratique la discrimination positive, pour le peuple des
victimes désaffiliées[27]
que l’on enveloppe d’un discours néo-caritatif. Dans ce discours
de normalisation, alimentant cette veine sociologique, c’est la
figure du censeur et du pasteur qui finalement se rejoignent.
On connaît la confluence du sociologique et du politique et leur
possible contamination réciproque. On connaissait cela comme
problème récurrent. Or désormais, loin de lutter contre cette
connivence perverse et latente, discours sociologique de scène,
discours politique et médiatique n’ont de cesse que de se
ressembler. Et même s’ils cherchent parfois à se distinguer sur
quelques détails, c’est à travers le même prisme de lecture de
la réalité sociale que les uns et les autres fonctionnent. Dans
La transfiguration du politique, Michel Maffesoli
insistait déjà avec force sur cette proximité des formes
savantes et journalistiques dans la quasi totalité des analyses
sociales[28].
Proximité de convention, et de convenance dont il semble que la
mutation mondialiste, mettant elle- même à mal bien des
paradigmes explicatifs classiques de la sociologie[29],
accélère le processus mimétique[30].
A ce titre, le conflit qui paraît opposer sociologues et
journalistes et dont Pierre Bourdieu s’est fait le héros, est
une mascarade. En effet si lutte et enjeu il y a, c’est bien
pour se tailler la part la plus belle d’une même rhétorique dont
les schèmes de pensée et de langue sont, à quelques détails près
de mode et de syntaxe, tout à fait identiques.
Discours sociologiques, discours politiques, discours
médiatiques se renvoient l’écho. Et sauf à vouloir être le mieux
placé, personne ne s’en indigne, ne s’en inquiète ; au contraire
tout le monde tend à se joindre à l’écho, à y accorder sa propre
voix, tant les voix discordantes[31] deviennent
rares, audacieuses et si peu audibles. Sans doute est-ce là un
troisième nœud du sectarisme sociologique en vigueur que cette
adhésion d’évidence au discours unifié des classes parlantes[32],
que cette soumission aux maîtres-mots, que ce ralliement aux
mots des maîtres faisant de la sociologie, non pas une idéologie
d’État mais l’idéologie élitaire de toute une société en phase
de reféodalisation, comme le souligne en particulier Pierre
Legendre[33].
Socio-langue
Pourquoi ce néologisme ? parce qu’en tant que discipline
instituée, la sociologie tend progressivement à se donner
l’idéal techniciste, désymbolisé d’une novlangue, cette
terrible fiction, imaginée par George Orwell[34],
d’une refonte arbitraire du Texte social[35]
marquant l’ultime clôture d’un univers de dévots dans
l’orthodoxie culturelle et politique ; ce danger de sclérose
interne d’une langue qu’évoquait Jean- Paul Barbe hier et que
j’applique là au domaine d’un langage de spécialité. On sait
qu’entre langage sociologique et Texte social, le conflit est
ancien, il est même inaugural ; l’épistémologie positiviste de
la coupure ayant éloigné tout postulant à la connaissance de la
féconde intimité de sa langue. Demandons-nous alors ce que
modifie, dans le paysage sociologique, l’actuelle propension à
une novlangue et demandons-nous comment cet univers
langagier se nourrit de la doxa mondialiste
contemporaine.
Une transparence aveuglée
Nous vivons une crise aiguë des langues. Jadis tenues pour des
trésors, elles tombent en mésestime … Le langage s’effondre,
plus encore que les langues, notre rapport au monde et aux
autres, ne passe plus électivement par lui.[36] Il est vrai, comme le souligne ici Michel Serres, que nous sommes
entrés depuis longtemps déjà, dans ce mouvement historique où
les codes savants érodent le poids des mots et des lettres,
dévorent les vieilles langues à belle dents[37],
en disqualifient la pertinence et la grâce, parfois même auprès
des plus amoureux. Pourtant si le principe de séparation d’avec
la langue ordinaire, mythique et souveraine constitue bien l’un
des dogmes[38]
de la science occidentale - logos philosophique en tête –
ce déliement n’est pas sans poser des problèmes spécifiques
quand il s’agit de parler avec discernement des hommes et des
sociétés. C’est de ce seul fait et sur un seul point dont nous
voulons traiter maintenant.
Si toute novlangue est bien une des
modalités de la tabula rasa, portant l’idéal d’un texte
social sans palimpseste, le discours sociologique n’a évidemment
pas commencé ainsi. Sous le texte sociologique, il y a le texte
philosophique et sous le texte philosophique… tout le tissu
institutionnel et représentatif d’une manière rationnelle,
esthétique, politique d’appréhender le monde.
Dans cette logique, la langue sociologique fut d’abord celle de
la rhétorique abstraite fuyant la polysémie, l’analogie,
poursuivant en ligne droite, l’idéal de transparence de la
raison. La sociologie de filiation positiviste allait opter pour
une morale de la langue sans intériorité, sans sujet ni
personnel ni collectif, sans point de vue, sans émotion, sans
écart à l’équilibre. Une langue sans rythme, sans image, ni
chant. Pour expliquer l’absence d’énigme des choses humaines, il
fallait une langue sans ombre ni bruissement. Ce qui fut mis en
place.
Cette voie consacrait la rupture de l’intelligible et du
sensible, l’arrachement du discours savant aux strates et aux
résonances signifiantes déposées dans l’histoire et la mémoire
de la langue commune, en ses usages ordinaires ou littéraires.
C’est à travers ce carcan d’un dire appauvri, d’un énoncé se
voulant épuré de toute métaphore - ce « diamant de la langue » -
d’un énoncé se voulant soustrait à toute intériorité que la
sociologie disciplinaire s’est depuis longtemps installée dans
une culture schizophrénique du langage. Difficile de comprendre
cette haine du style vivement exprimée par certains auteurs de
manuels, cette crainte de l’écriture travaillée transmise aux
apprentis, rappelée par bien des comités de lecture sans se
référer à cette idée implicite que le dire sociologique des
sociétés et des hommes, se doit d’abord d’oublier que les faits
sociaux sont aussi des faits de langage s’enracinant dans
l’habitacle ancien de la langue partagée. Sans doute est-ce du
sein de cette tradition séparatrice, de sein de cette logique
des mots gelés que peut se définir le quatrième nœud de la
crise.
Si la langue de bois brûle…
Toutefois dans la logique de transparence accrue commandée par
la mutation actuelle[39],
logique où la sociologie se trouve aux avant-postes, la nouvelle
rhétorique tend, à la différence des auteurs classiques -
considérés dépassés, lettres mortes - à réaliser l’idéal d’une
langue véritablement déliée de la culture. La novlangue était
destinée non à étendre, mais à diminuer le domaine de la pensée
et la réduction au minimum du choix des mots aidait
indirectement à atteindre ce but écrit George Orwell. La
sociologie disciplinaire rêve désormais d’une langue sans
référence, ce véhicule de l’élitisme, de l’esthétisme … des
classes dites dominantes, celles dont la néobourgeoisie savante
veut assurément se démarquer. Il faut se battre pour devenir les
nouveaux maître des mots…
Poursuivant la fiction d’Orwell, on peut en effet apercevoir en
sociologie la part d’une ancilangue, celle des maîtres
supposés connus, ancilangue devenue indéchiffrable à
l’étudiant et difficile d’accès pour le disciple lui-même. La
discipline sociologique veut évacuer toute trace du
philosophique en elle. A lire les critiques du moins, le plus
fort de l’interdit semble s’exercer sur ce point. Crise de l’inter-dit,
règne de la socio-langue et censure de la réflexivité
vont de paire. Cette sociolangue qui s’implante dans le
mouvement ambiant des langues instrumentalisées peut alors
s’interpréter comme moyen d’épurer son propre passé
philosophique, cet état présociologique des textes fondateurs et
des autres, se livrant comme tout récit originel en langue
antique.
La novlangue dont l’idéal n’est plus la raison abstraite
mais le réflexe taxinomique et techniciste est désormais exilée
de toute expérience vivante du sens et des significations. Elle
se présente par conséquent comme lieu privilégié de réalisation
du fantasme d’unicité. La sociolangue, c’est l’interdit de
l’altérité prononcé du sein même du langage. On dit désormais
aux étudiants de lire les bons livres - je n’aurai pas
l’indiscrétion de donner la liste - je laisse seulement au
lecteur le plaisir de savourer le parfum de douce inquisition
proposée par la formule… Les bons livres.. Les braves gens... On
touche en effet très concrètement le cinquième nœud de la
crise : l’existence de mauvais livres, la part maudite de la
complexité et le tabou de la libre circulation de la
connaissance. Il était entendu que lorsque la novlangue
serait une fois pour toutes adoptée et que l’ancilangue serait
oublié, une idée hérétique- c’est à dire une idée s’écartant de
l’angsoc- serait littéralement impensable, du moins dans la
mesure où la pensée dépend des mots[40].
Mais pensée n’est déjà plus de mise dans le lexique de la
sociolangue, ou alors pour désigner une fleur tout au plus ...
L’aveu et l’odyssée
On sait que la mondialisation corrobore avec l’extension de
zones de non droit, la corruption à grande échelle. Cette
dégradation des règles légales, c’est aussi ce que l’on note à
petite échelle dans l’institution universitaire notamment. Des
livres, des analyses, des témoignages de nos collègues
sociologues de différentes universités[41],
dénoncent cette situation, avec courage et sans ambiguïté. Nous
sommes passés, dans bien des instances de jugement ou de
recrutement, des critères inconditionnels de l’universitas
aux critères de l’intégration au milieu… et soudain le
terme peut résonner étrangement. Récemment un doctorant dut
fournir par écrit, avant soutenance, à son directeur de thèse,
son propos d’exergue et de présentation devant son jury. Parole
liée, minutieusement contrôlée. En ce rituel de première
séparation qu’est la soutenance, c’est plutôt malvenu ; mais
l’intégration est à ce prix sans doute ? et c’est ainsi de
petites manœuvres en grands verrouillages, que les principes
universitaires glissent vers la logique du clan. C’était déjà
vrai, cela l’est plus encore.
Et qui dit clan, dit crise mimétique, dit abandon et peut-être
terreur. C’est un risque… beaucoup de doctorants et de
professeurs le savent déjà. On décrète arbitrairement et sans
appel, ceci est sociologique, ceci ne l’est pas. Alors le
sixième nœud de la crise sectaire ne serait-il pas cette façon
de brandir la science comme violence sacrée, en oubliant que son
première axiome est sa réfutabilité même. Nous restons
fascinés par le jugement suivant : ceci appartient, cela
n’appartient pas à la science, ceci dedans, cela dehors.
Inclusion, exclusion, stratégie d’écoles, mais geste
originairement religieux : l’aruspice autrefois découpait avec
soin le terrain sacré, en dessinait les plinthes. Voici le
profane, voilà le sacré … Or les frontières du savoir bougent
/…/ le temps se moque des dogmes ( pas au sens de
Pierre Legendre cette fois ) et du tiers exclu.
Une attitude plus laïque en ce domaine serait sans doute
plus sage et plus juste. Il faudra la conquérir.
Ajouter enfin que si j’ai osé ce bref examen nourri
d’impressions, d’observations sans dispositif, ni protocole,
nourri d’expériences répétées mais récentes, de jugements trop
hâtifs sûrement, et parfois trop sombres, j’espère, ce n’est
certainement pas pour me soumettre à l’horizon d’un
désenchantement. C’est au contraire pour mieux envisager
l’odyssée vers ces tissages réinventés des sciences sociales
dont j’ai bien entrevu quelques motifs inattendus durant ces
journées : en écoutant tous ces points de vue partis d’ailleurs
et qui soudain font intuitivement advenir un schème, une notion,
une expression donnant à imaginer des passages, des fils de
trame ; odyssée qui pourrait prendre pour devise : Celui qui
triche et trompe le fait parce qu’il veut gagner. Détachez- vous
des enjeux, moquez-vous de la victoire ou de la perte, vous
entrerez en science, en observation, en découverte, en pensée
[42].
Joëlle DENIOT
Professeur de
Sociologie à l'Université de Nantes
Droits de
reproduction et de diffusion réservés ©
LESTAMP -
2005
Dépôt Légal Bibliothèque Nationale de France
N°20050127-4889
Joëlle DENIOT
Professeur de
Sociologie à l'Université de Nantes
Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP 2005
Evenements
Nantes
Semaine
du 4 au 10 mars 2013
a la
Galerie
Atelier-Expo
14
rue Joseph Caillé
http://atelierexponantes.blogspot.fr/2013/01/mireille-petit-choubrac-exposition.html
,
se
déroulera l'exposition des
dessins, encres, gouaches,
fusains, de
Mireille Petit-Choubrac
qui a illustré le livre Edith
Piaf, la voix le geste
l'icône.. Paris, Le livredart (cliquer).
Le
vendredi 8
mars
lors du vernissage (18 h 30),
Laurent Danchin,
critique d'art,
animera à partir de 19 h
15
15 une table ronde
qui permettra à l'artiste, à
l'auteur,
Joëlle Deniot,
et à son préfacier,
Jacky Réault,
d'expliciter le sens et les
enjeux artistiques, sociologiques et
anthropologiques d'un tel
ouvrage.
Que signifie l'insertion
pérennisée dans une culture
populaire et commune française
comme universelle, de
la voix iconisée et des chanson
d'Edith Piaf ?
Quel est
le statut intellectuel d'un tel
ouvrage très singulier entre
sciences sociales revisitées et
culture commune ?
Un débat sera
ouvert avec la salle à l'issue
duquel la chanteuse
Violaine Guénec et
l'accordéoniste
Bertrand Bugel interpréteront
des chansons d'Edith Piaf. Les superbes images de Mireille Petit-Choubrac sont offertes par Jean-Luc Giraud sur Youtube
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Cliquez sur l'image pour accéder au film sur Youtube
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