SOCIOLOGIE
DU TRAVAIL
SOCIOLOGIE
DES FORMES
DE VIE
SOCIOLOGIE
DE LA
PROLETARISATIION
SOCIOLOGIE
DES
MOUVEMENTS
SOCIAUX
SOCIOLOGIE
DE LA
SOCIETE
FRANCAISE 7
novembre. 2015
SOCIOLOGIE
DE NANTES
Ouvriers de
l'ouest
Jacky
REAULT(1983),

Jacky Réault
Membre du
Comité de
programme
Grand Ouest
de
l'ATP du
CNRS,
Observation
du
changement
social et
culturel
1977-1984
Auteur de
l'article de
synthèse
Ouvriers de
l'Ouest.
(In
ATP CNRS,
L'Ouest
bouge-t-il ?
Son
changement
social et
culturel
depuis
trente ans.
Nantes
Vivant
Editeur,
1983)
A
propos de
Ouvriers de
l'ouest
de
Jacky
REAULT(1983),
une
lettre
inedite de
pierre
naville

10
Premières
lignes...
Ce
Bouleversement
continuel de
la
production,
ce constant
ébranlement
du système
social,
cette
agitation
et cette
insécurité
perpétuelle
distinguent
l’époque..
(F.
Engels et K.
Marx, Le
Manifeste...)
« Ce
bouleversement
continu »
Les
mouvements
des vingt
dernières
années
étonnent par
leur
intensité
contradictoire
; des
centaines
d’usines
nouvelles,
autant, sans
doute
d’usines
disparues.
Industrialisation
de l’Ouest,
dit-on, car
le bilan des
ouvriers
«statistiques
» est
positif,
mais peut-on
vraiment
faire en
termes de
société, la
somme
algébrique
des forges
d’Hennebont
ou de Saint
Nazaire
amputées et
des chaînes
des usines
de
conditionnement
du poulet
surgies sur
l’élevage
vendéen ? Il
y a des
seuils de
maintenance
d’un tissu
industriel
localisé ;
n’y a-t-il
pas des
seuils de
mortalité
des groupes
au-delà
desquels les
classes
régresseraient
en masses
acculturées
ou, dans
l’actuel
temps du
monde, se
désagrègeraient
entre la
clôture
communautaire
et
l’individuation
scolaire
hédoniste ou
marchande ?

Nantes
industrieuse
d'avant les
bobos
Dernier
chapitre..
MONDIALISATION
ET
LOCALISATION
Ironie de
l’histoire
-qui
pourrait
faire
sourire les
géographes-
c’est un
vocabulaire
spatial qui
triomphe
dans l’écrit
des
économistes
et des
sociologues[i]
mais aussi
dans la
bouche des
directeurs
d’usine et
des
syndicalistes
;
créneau,
délocalisation,
mondialisation,
centre et
périphérie…
jusqu’au
concept le
plus global
de
capitalisme
mondial de
Charles-Albert
Michalet ou
de Claude
Meillassoux.
Pour la
grande école
historique
dite des
Annales[ii]
qui montra
ainsi à son
apogée la
fécondité de
la posture
complémentariste
qui fonde
l’historiographie
française
inséparablement
scientifique
et
républicaine,
cela n’a
rien
d’inattendu.
Fernand
Braudel n’a
t-il pas
fondé
l’histoire
sociale[iii]
comme
histoire
générale du
monde
dans une
dynamique du
capitalisme
croisée avec
la fonction
d’inertie
spatialisée
des grandes
civilisations
dans
l’architecture
foncièrement
spatiale des
économies
mondes.
Si
l'intelligibilité
se situe à
une telle
échelle, que
fait le
chercheur
sur son
« site » et
mesure-t-il
autre chose
que ses
bornes ? Il
semble que,
de
l'intérieur
des «
terrains »,
ouvriers et
entrepreneurs
pratiquent
depuis fort
longtemps,
dans leurs
discours et
leurs
stratégies,
cette
apparente
contradiction
et
l'affrontent
sur des
modes très
variés. Il
est vrai que
les
mouvements
spatiaux de
la
mondialisation
du capital
productif,
ou
délocalisation,
ont selon
les lieux à
la fois
comme une
atmosphère
et une
grammaire
apparemment
unifiées et
d'incomparables
figures.
La
mondialisation,
c'est déjà
la lecture
de
conjoncture,
cette trame
du temps du
monde qu’a
engendré le
capitalisme,
conjoncture
de marché et
conjoncture
de la
production
mondiale
sans compter
la
conjoncture
des prix et
du salaire,
qui déroule
son
récitatif de
fond (selon
la belle
expression
de Braudel),
dans le
discours
patronal à
Saint-Fulgent
comme aux
assemblées
de
coopérateurs
de
la C.A.N.A.
d'Ancenis.
Ce sont, aux
Batignolles,
les tracts
C.G.T. qui
défendent et
illustrent
le client
soviétique
des
aéroréfrigérants
(dont la
régularité,
obstinée
comme un
plan
quinquennal
qui n'en
finit pas, a
permis la
sérialisation
et la
transformation
du
chaudronnier,
fut-il
admirateur
de
l'U.R.S.S.,
en
semi-O.S.)
et les
pressions de
la
direction,
qui sait
pouvoir
jouer de la
susceptibilité
du même
client) pour
réclamer de
l'ordre à
l'ex bastion
rouge du
Kominterm,
les années
d'élection.
C'est, aux
Chantiers
nazairiens
comme à
la S.M.N.
caennaise,
la politique
des «
créneaux » :
le choix
(les seules
productions
dont le
profit
espéré est
considéré
comme
suffisamment
important à
l'échelle
mondiale
pour
justifier la
mise en
sous-traitance
et l'abandon
de
productions
devenues
secondaires.
Plus se
mondialisent
- par les
immenses
unités de
production
en réseau
planétaires
que sont,
sous
l'abstraction
financière,
les groupes
multinationaux
- les
processus
d'accumulation
/
valorisation
du capital,
plus
deviennent
déterminantes
la dualité
et la
position des
sites
retenus,
selon deux
grands cas
de figures
qui sont
aussi en
large
approximation,
deux moments
historiques
:
installation
sur sites de
matières
premières,
de sources
d'énergie ou
de nœuds
d'échange,
installation
sur des
viviers de
main-d'œuvre.
C'est une
illusion de
perspective
qui réserve
à la seconde
forme (par
comparaison
aux
établissements,
qui
semblaient
éternels, de
la première)
le terme de
«
délocalisation
». La
première
forme domine
un siècle et
demi de
révolution
industrielle,
elle
implique un
immense
procès de
délocalisation
de
travailleurs,
prédatrice
des espaces
agricoles
abandonnés,
sauvagement
acculturante
et
désintégratrice
de sociétés
entières,
mais
favorisant -
par cette
chirurgie
historique -
les
mutations
profondes de
paysans en
masses
prolétariennes
d'abord, en
classes
ouvrières
ensuite.
L'intégration
aux peuples
urbains,
prolétarisés
depuis
beaucoup
plus
longtemps,
faisait le
reste. Les
concentrations
industrielles
de l'Ouest
étaient
ainsi les
repères
d'une classe
ouvrière
lentement
formée par
la double
matrice de
la ville et
de l'usine.
Ces ouvriers
n'ont eu le
temps
d'oublier ni
la pauvreté
urbaine
qu'ils
partagent
jusqu'au
milieu des
années 50
pour les
uns, ni le
traumatisme
de leur
migration
douloureuse
pour les
autres. La
conquête du
mode
stabilisé de
l'emploi et
de la vie
domestique
est pour eux
contemporaine
des premiers
craquements
de leur
système
industriel.
Ils
subissent la
crise et les
«
dégraissages
» au sein
même de la
grande
expansion
mondiale,
quand se
font les
premières
grandes
liquidations,
baptisées «
reconversions
», dans les
années 60.
Dans leurs,
finalement,
fragiles
citadelles «
la menace ne
date pas
d'aujourd'hui
». Les
adaptations
imprévues
insécurisantes,
les
fermetures,
l'effet
cumulé des
diminutions
sélectives
d'effectifs
et des
cessations
d'activité
les crispent
dans le
pessimisme
et dans la
tentation du
repli sur
une
tradition
ouvrière
héroïsée.
Ces hommes,
ces
organisations,
ces
collectifs,
ainsi
affaiblis
avant même
que
n'interviennent
les coups de
boutoir de
la crise
actuelle, à
Fougères, à
Hennebont, à
Nantes et à
Saint-Nazaire,
ont
identifié
depuis
longtemps
leurs «
baron Empain
» et leurs «
multinationales
» ainsi que
les
arguments de
productivité
à
l'échelle
mondiale qui
accompagnaient
tous les <-
mauvais
coups »
contre leur
qualification
ou contre
leur emploi.
Pour eux la
mondialisation
est
l'emblème de
leur
disparition
et de leur
malheur, le
havre de
leur
résistance
c'est la
législation
française de
l'emploi et
du salaire,
leur idéal
c'est la
nationalisation
généralisée
et la
garantie par
l'Etat des
acquis de
leurs
douloureuses
conquêtes,
alors qu'est
déjà
démonnayé
l'acquis
qu'ils
croyaient le
plus
intimement
garanti,
celui de
leur
qualification.
Ce n’est pas
la
qualification
complexe de
leur force
de travail
individuelle
mais la
propriété
globale
possédée par
des bassins
entiers de
population
de
reproduire
des forces
de travail
simple dans
des normes
sociales les
plus
intégrables
à la chaîne
fordienne,
qui a décidé
en moins de
vingt ans de
la nouvelle
distribution
industrielle
dans la
campagne de
l’Ouest. Les
nouveaux
ouvriers
affrontent
sans autres
références
industrielles
et avec la
comparaison
plutôt
favorable de
l’ancien
travail
agricole une
situation
qui, non
seulement
permet
l’économie
de l’exode
et de
l’acculturation
spatiale
mais
correspond
de surcroît
à
l’accès
en bloc
à tous
les
avantages
que les
salariés
urbains ont
longuement
acquis par
morceaux. A
l’échelle
d’un petit
monde
immédiat la
réalité même
de la crise
peut
paraître
bien
abstraite et
Les
identifications
bien
improbables
avec les
ouvriers du
premier
type: ce
qu’exprime
le maire de
La
Rabateliere,
de sa
commune du
Haut Bocage
vendéen (où
commence à
s’inscrire,
sous
l’impulsion
du Vicomte
Philippe de
Villiers, ce
paradoxe
d’une
entreprise
culturelle
populaire
jusque là
sans
équivalent
en France du
Puy du Fou),
Ici
il n’y a pas
de chômage.
- Loin de
s’opposer
donc, la
perspective
mondialisée
et l’étude
localisée
sont
inséparables.
Le processus
de
délocalisation
du capital
productif ne
peut être
expliqué ni
même décrit
indépendamment
de son
existence
empirique
dans ses
localisations.
Localisations
qui sont
toujours si
l’on peut
dire. « de
compromis »
avec un
milieu,
unité d’une
fraction de
nature d’une
fraction
plus ou
moins
autonomisable
de société,
- ville
bassin
d’emploi,
pays,
village,
système
Fleury-Michon
ou système
S.M.N. - de
territoire
ou de
peuple.
Potentiellement
de
combattants.
Mais il y a
tellement de
façons
localement
induites, de
combattre !
L'ultime
unité, qui
ne soit
celle de la
seule
condition,
matériellement
définie dans
le travail
salarié
productif,
et engage un
sens,
n'est-elle
pas, selon
l'expression
de Jacques
Chevalier,
la
résistance
générale à
la perte
d'une
identité, la
dernière
quand le
travail
n'est plus
signifiant :
celle du
(mi)lieu de
vie non
celle de la
classe qui
ne fut
jamais
partagée que
par une
minorité ?
Les « sujets
» de cette
résistance
sont donc
définis dans
les
certitudes
et les
bornes même
de leur
localisation.
Pour les
ouvriers de
Saint-Fulgent,
vivre
et
travailler
au pays
passe par
le maintien
d'une
société post
villageoise,
donc s’il le
faut par la
nouvelle
hégémonie
des classes
terriennes
alliées aux
entrepreneurs
indigènes[iv]
second
critère
fondamental
de la
légitimité,
après
cependant la
double
capacité
traditionnelle
du notable à
protéger et
pas
seulement à
représenter.
Pour ceux
des
Batignolles,
la
résistance
se vit comme
une
condensation
de (ou au
contraire
comme une
prise de
distance
avec) la
culture du
noyau
ouvrier
historique,
qui cherche
à éterniser
son mode de
vie et
d'organisation
centré sur
l'usine[v].
Le thème du
silence
passif,
voire
complice,
qui pourrait
parfois
s'induire de
certaines
analyses,
inconsciemment
référées à
la seule
version
militante
urbaine de
l'unité et
de la lutte
ouvrières ou
accroché au
dogme
stalinien
d’une (seule
et bonne)
conscience
de classe,
déborde de
la
description
scientifique
et
l’appauvrit.
Comme s'il y
avait aussi
chez les
victimes de
Taylor
one best way
de la
survie, du
devoir de
survie...
Comme si
quelque
vivant que
ce soit
pouvait
choisir le
passé avec
lequel il
construit
son avenir[vi]!
Mais tout
semble
glisser,
dans les
descriptions
comme
d'ailleurs
dans la
réalité.
Jamais il
n'a semblé
aussi
légitime de
définir une
société
comme
transitoire,
en un moment
unique où
s'est
produit
l'irréversible.
Il n'y aura
plus jamais
de
multitudes
paysannes
migrant vers
l'usine[vii],
il n'y aura
pas de sitôt
une
population
ouvrière
majoritairement
née hors
classe. Un
retour à une
plus forte
hérédité
ouvrière est
inéluctable[viii].
Mais on ne
sait pas
dans quels
lieux et au
sein de
quelles
cultures se
trouvent
aujourd'hui
les ancêtres
de ces
lignages
ouvriers à
venir. Dans
vingt ans
tout sera,
peut-être,
plus clair[ix].
La
conclusion
éditée a été
écrite entre
mars 1982 et
mars 1983.
Nous avons
entre
novembre
2006 et
juillet 2007
entrepris
une
réédition
actualisée
retrouvant
les notes de
bas de page
(Infra)que
l'édition
initiale
excluait ;
elle
reste
inachevée et
inédite.

Lhomme est
intelligent
parce qu'il
a une main
Notes pour cette réédition de 2014
[i] Il s’agit évidemment des sociologues de l’ATP de ce début des années 80 dans la queue de comète des sciences sociales des Trente Glorieuses. En 2006 la prise en compte de l’espace terrien, attribut fondamental du talon anthropologique de tout humanisé à sociologiser, et qui devrait être transversal à toute étude, est devenu une spécialité marginale d’ailleurs assez peu représentée. Les sociologues ne connaissent plus modalement que l’idéalité unidimentionnelle de leurs espaces sociaux, la planète terre, cette nature résiduelle a disparu comme d’ailleurs beaucoup prétendre faire disparaître les sexes sous les genres, ce sommet délirant de la résultante du culturalisme et du différentialisme américain ; l’évoquer à l’instar d’ailleurs de l’autre nature celle des corps sexués est devenu un interdit. L’insertion d’une carte au sein d’un texte provoque le rire du représentant nantais le plus religieux de l’église bourdivine, Charles Suaud. Il ne reste que des genres et une culture sans nature et des champs. On note cependant, hommage du vice à la vertu, que c’est toujours avec les mots de l’espace réel qu’on le dénie comme objet de connaissance composante organique appropriée par les sociétés humaines. (Toussaint 2006)
[ii] Fondée par des historiens foncièrement transdisciplinaires tels que Lucien Febvre, Marc Bloch et portée au sommet du savoir universel par Fernand Braudel, la Revue Annales, dite sous F Braudel, ESC, Economie Société Civilisation, se survit, autrement sociologisée et adaptée à l’air du temps, mais les sciences sociales françaises ont dans cette involution perdu, face au mouvement réel de la mondialisation, l’avance scientifique anthropologique et finalement politique qu’elles avait acquises. C’est l’analyse du grand historien médiéviste Guy Bois. C’est aussi la notre. Le live d’André Burguières, L’école des Annales, une histoire intellectuelle. Paris Odile Jacob 2006, qui euphémise les métamorphoses dont il participe, nous paraît une construction pare-feu dont une des principales spécificités est d’entériner en les banalisant et les minorant la centralité et le génie indépassé de l’apport braudélien à qui les classes parlantes françaises mondialisées veulent faire payer son attachement à la nation, cet interdit désormais d’histoire et de souveraineté. (Toussaint 2006)
[iii] Aux antipodes de l’histoire sociale ultérieure qui n’est pas sans fécondité propre quoique close sur elle et sur des demandes sociales non scientifiques, quand elle tend à se réduire en investigations thématiques saucissonnée culturalisée et croisant tellement de bien-pensance et d’abolition du processus historique global. Les sociologues la connaissent d’autant plus, qui d’ailleurs vont jusqu’à l’enseigner, que cette histoire risque de se pétrifier et à s’abstraire en sociologie.
[iv] Ce qui ne les empêche pas de basculer dans la grève (dans les années 90), si la fonction protectrice ne paraît plus remplie.
[v] Le pessimisme des Batignollais comme celui des ouvriers des usines urbaines n’avait rien d’exagéré. Dès le 28 juin 1984, avant même la parution du livre, le groupe Creusot-Loire qui en fut le dernier propriétaire, et qui était l’héritier de ce monument français de l’industrialisation précoce est mis en règlement judiciaire après avoir reçu beaucoup d’argent de l’Etat qui trahissait plus de deux siècles d'histoire industrielle. Il en recevra encore après, ce qui n’empêchera pas moins de quinze après un rejeton du lignage des Schneider, devenu président de l’ex-CNPF, le dit Mouvement des Entreprises de France, d’y défendre un solide libéralisme anti-étatique, Ernest Antoine Seillières.
[vi] On pense au beau titre d’une grande ethnologue des mondes ouvriers ruraux, Françoise Loux sur le Chatillonnais. Le passé dans l’avenir. Maisonneuve et Larose 1974
[vii] On parle évidemment de la France. En 2007, la moitié de la population mondiale est encore rurale et les paysans actifs sont encore entre un et deux milliards.
[viii] Nous avions à la fois raison et tort. Certes la mobilité ascendante c’est ralentie mais si c’est toujours pour des familles mixtes modalement homme ouvrier femme employée, l’identification subjective n’en est plus univoquement ouvrière. Surtout l’obsolescence morale des diplômes et le chômage de multitude (et non de masse) donnent le profil d’un déclassement qui n’était pas si clairement adjugé en 1984.
[ix] En 1983, nous restions in fine prudent sinon évasif mais on y voyait déjà assez clair pour savoir que se vivait, en France et notamment là la fin d’un monde. La suite a confirmé cette analyse au-delà de nos anticipations. Le seul mouvement social populaire nouveau où se manifestent fortement mais non dans une séparation de classe les ouvriers est (si l’on met à part le Front national où les ouvriers n’existent qu’en tissu populaire) n’est est pas, paradoxalement pour les adeptes du sens de l’histoire, celui qui prit l’emblème de la chasse pour défendre les ruralités populaires vécues et appropriées contre la mondialisation via le nivellement européen des genres de vie sous l’égide des bourgeoisies urbaines salariées écologistes et mondialistes. Les ouvriers bien plus périphérisés encore qu’ils nous apparaissaient en 1984, en sont pendant vingt ans (au moins ?) entre Somme et Gironde, les acteurs principaux quoique radicalement invisibilisés par les media et disqualifiés par le consensus des classes parlantes. Quant à l’entreprise (Creusot-Loire) des Batignolles, comme la plupart des usines urbaines, elle a, on l’a évoqué plus haut, disparu quasiment avec la fin de son observation, puisqu’on recommence avec J. Deniot une enquête inscrite sur les lieux d’habitations, même si les imposants bâtiments de 1917 abritent toujours des travaux industriels survivants. Etonnant paradoxe que personne n’a, nous semble t il, soulevé le nom de l’usine n’a plus, par quelque secret tabou, été revendiqué par les nouveaux occupants des lieux : exceptionnel le 7 septembre 2007, alors que l'élection de N Sarkozy parlée par H Guaino, a remis la défense de l'industrie, trop brièvement, à l'ordre du jour, un article sur l'embauche à GEA BTT Batignolles technologies thermiques, rappelle que le nom a subsisté chez un des repreneurs, mais doit refaire un historique pour les lecteurs de Ouest France. Les Batignolles sont étonnamment titrées "Au coeur de Nantes". Fin d'un deuil sinon réparation d'un oubli ? Le mouvement d’expulsion des classes populaires des grandes villes (et pas seulement des centres nationaux comme on l’écrivait en 1982-3), a donné le pouvoir à une combinaison de classe culturelle (E Todd, L’illusion économique 1999), de cadres supérieurs et d’un peuple hétéronome de clientèles électorales à logique variées (prolétaires post-coloniaux, assistés sociaux, éducateurs, animateurs culturels…), des municipalités quasi exclusivement « de gauche ». La dite Gauche, séparée des classes populaires est devenue l’expression de ce bloc historique à fort coefficient de mondialisation au moins mentale. En 2007, même le quotidien de sa bien-pensance souvent tyrannique, Le Monde, peut- titrer sur une page entière que Les bobos ont donné dans les villes la victoire électorale aux socialistes. Que les bouches s’ouvrent ! Voilà au moins un événement sémantique (tout le monde connaît le référent réel depuis longtemps), qui ressemble à un progrès. Ouf ! Exclusivement moral cependant, mais n'est-ce pas le seul que ne dévore pas la techno-science du capital financier.
*
Jacky Réault
membre du
Comité de
programme
Ouest, de
l'OCSC,
LERSCO CNRS
Université
de Nantes,
Ouvriers
in
ATP-CNRS
-Observation
du
Changement
Social et
Culturel,
l'Ouest
dans L'OUEST
BOUGE-T-IL ?
Son
changement
social et
culturel
depuis
trente ans
Éditions,
Reflets du
Passé ATP du
CNRS -
ISBN :
2-86507-012-3,
novembre
1983
La
synthèse
générale des
classes,
milieux et
cultures
ouvrières
des sociétés
de l'Ouest
de la France
des Trente
glorieuses à
l'orée de la mondialisation
déjà
désignée et
analysée
très
explicitement
dès 1984 a
été
sollicitée
par l'ATP du
CNRS, OCSC
auprès de
Jacky Réault
qui était
depuis
l'origine
membre de
son Comité
de programme
et
responsable
du Site
Batignolles
où
travaillait
principalement
Joëlle
Deniot.
Elle
est encore
disponible
en librairie
: Jacky
Réault, Ouvriers
de l'Ouest, dans
l'ouvrage
bilan des
recherches
de l'ATP
dans les
sociétés de
l'Ouest
français,
ATP CNRS
O.C.S.C. L'Ouest
bouge-t-il
? Vivant
Editeur,
Nantes 1983.
L'éditeur
semble avoir
disparu.
Le nombre
d'auteurs
(plusieurs
articles
sont
affichés
largement
collectifs)
n'a pas
permis un
affichage de
couverture
ce qui a nui
a perception
des
chapitres
non relayés
par des
communautés
de
discipline.
L'ouvrage a
été
largement
perçu parmi
les
historiens,
géographes
sociaux et
ruralistes,
géopoliticiens,
ruralistes,
mais
largement
ignoré dans
la
discipline
sociologie
où la
concrétisation
des espaces
historiques
se heurte à
l'abstraction
construite
renvoyant
les sociétés
réellement
existantes
dans le sens
commun.
L'article
de Jacky
Réault est
devenu
rapidement
référentiel.
Il a
notamment
fait l'objet
de critique
par René
Tréanton dans
la Revue
Française de
sociologie,
il a été
largement
utilisé par BH
Moss, Workers
and the
Common
Program
(1968-1978),
Michel
Phliponneau (La
Bretagne in
Géopoliique
des régions
françaises,
T. 2, direction Yves
Lacoste, Paris
Fayard
1986),
Gérard
Noiriel Les
ouvriers
dans la
société
française, Bernard
Kayser, La
renaissance
rurale, Michel
Verret notamment
dans
Pour une
histoire de
la
sociologie
ouvrière,
Chevilles
ouvrières
(L'Atelier,
et La
culture
ouvrière...)......
Il a fait
l'objet d'un
échange de
correspondance
avec Pierre
Naville
peu avant
son décès.
L'Ouest
bouge-t-il était
indiqué aux
étudiants
comme
ouvrage de
référence au Département
de
sociologie
de Nantes,
au temps où
régnait
encore une
culture de
pluralité
scientifique
et un
accueil aux
sociétés
réelles,
tandis
qu'avec la
compilation
synthétique
de
Michel Bozon,
la Revue
Terrain
(5- Octobre
1985,
Identité
culturelle
et
appartenance
régionale),
livrait,
alors sans
aucune
filtre
sectaire,
Ouvriers de
l'ouest
parmi les
"Les
recherches
récentes sur
la culture
ouvrière :
une
bibliographie".
Ceci pour
l'accompagnement
contemporain
de
l'article.
Depuis un
très grand
nombre
d'études s'y
sont
référées et
il n'est pas
question ici
d'en dresser
la liste.
Ce
texte, le
plus long du
bilan de
l'ATP,
n'a pas
d'équivalent
dans
l'espace des
sciences
sociales
françaises
souvent peu
ouvertes au
découpage
par les
régions
historiques
et/ou
anthropologiques
et plus
précisément
dans la
sociologie
totalement
rétive à
l'espace,
géographie
sociale
exceptée
(infra).
Hommage du
vice à la
vertu le
succès du
concept a
induit
son
pillage
et, chez les
sociologues
nantais son
enfouissement,
mais les
sciences
sociales
n’ont comme
frontière ni
la
sociologie
de secte, ni
les
frontières
d’une ville.
Notamment, sans la moindre citation, dans un ouvrage dont le titre reprend intégralement le sien, Sociologie du monde politique d'ouvriers de l'ouest, pourtant rédigé à ses côté à Nantes même, dans les années qui suivent sa publication, pour une thèse dirigée par un collègue tellement proche, qu'il avait en 1981 besogné à son compte, dans un article publié dans les Cahiers de l'Observatoire du Changement Social et Culturel, le texte problématique de la thèse inscrite de JR, publié en 1977, sur le même terrain... Le plagiat est bien antérieur à l'ère du copié/collé, mais quand on reste vivant, c'est à dire créatif, après lui mieux vaut pour l'image de soi ne pas avoir ameuté pour cela les officines du lynchage professionnel.
[2] L’ensemble d’essais socio-historiques, de très inégal intérêt d'ailleurs, intitulé Sociologie de Nantes et publié à La Découverte en 2013, ignore ostensiblement les travaux de Jacky Réault. Dieu les bénisse.
Ouvriers de
l'ouest II
Si
l'auteur ne
désespère
pas d'une
actualisation,
qui dans le
désastre de
la France
désindustrialisée
depuis
1983-4,
serait rude
épreuve, le
fil
intellectuel d'Ouvriers
de l'Ouest a
été suivi et
développé
dans de
nombreuses
publications
ouvrières
ultérieures.
La
réédition
d'une
monographie
historique
et
sociologique,
où se
développe
une
typologie
concrète des
degrés
et formes de
prolétarisation,
restée
discrète
dans le
texte
princeps,
synthèse
singuliers
d'autres
travaux, est
devenue
également
référentielle
:
Les ouvriers
nazairiens
ou la double
vie
a été
publié dans
le très bel
ouvrage
épuisé,
Ecomusée de
Saint-Nazaire,
Saint-Nazaire
et la
construction
navale
(1993).
Il a été
également
été réédité
dans ce même
site, sous
l'intitulé
Les
ouvriers de
Saint-Nazaire
ou la double
vie,
Ouvriers de
l'ouest -II-
La réédition
de cette
monographie
historique
et
sociologique,
où se
développe
une
typologie
concrète des
degrés
et formes de
prolétarisation,
a contribué
à en faire
un article
également
référentiel,
à l'instar
d'Ouvriers
de l'ouest,
tant sur le
web que dans
de nombreux
ouvrages.
Le
complément
historique
et
sociologique
de cette
synthèse
nazairienne
est
l'article au
champ plus
restreint
mais aux
contextes
totalement
congruents à
l'ensemble
de ces
travaux est
également
disponible
dans J
Réault,
Les Trente
glorieuses
de la CGT
nazairienne
et les aléas
de la
mondialisation
in Claude
Geslin
(dir.) La
CGT en
Bretagne un
centenaire. Annales
de Bretagne
et des pays
de l'Ouest.
T 102 1995-3
Presses
Universitaires
de Rennes, p
163-188
La
centralité
du site
nazairien
est
idéaltypique
dans l'étude
des
degrés,
formes et
anciennetés
de la
prolétarisation
(Cliquer sur
la formule)
______________
Autres
textes de
Jacky Réault
dans le
cadre de
l'ATP CNRC
OCSC Ouest
1945_1980 LE
CHANGEMENT
EN PAYS DE
LOIRE
 |
|
Jacky REAULT, auteur principal,
avec
JL BELLARD
JP GOURLAOUEN
JC LEBOSSE
JP MOLINARI
J RENARD
R ROULEAU |
________________
Elargissement
national des
contextes
d'intelligibilité
1989
2011
Formes de
vie ouvrière
et
écosystèmes
sociaux de
reproduction
______
Nicolas et
Ségolène ou
le mystère
de la Dame
de Vix
;
Le
cadre du
cadre, les
traits
sociaux-spatiaux
des mondes
ouvriers de
l'ensemble
de la
France,
s'est
inscrit dès
1989 dans un
Cahier du
Lersco qui,
constituant
une
expérimentation
méthodologique
(une analyse
en
composante
principale
reliée à la
cartographie
d'un gros
corpus de
variables de
toutes
pratiques
accessibles)
n'avait eu
qu'une
diffusion
limitée. Il
est dans les
projets de
l'auteur de
le rééditer
Formes de
vie ouvrière
et
écosystèmes
sociaux de
reproduction. Lersco-CNRS
Université
de Nantes
1989.
Les
matrices
interprétatives
toujours re-questionnées
et éprouvées
aux
conjonctures
du temps du
monde et des
conjonctures
politiques
et sociales
de la
France, et
notamment
ses
écosystèmes
populaires
de
reproduction,
confrontés
aux
mouvements
contradictoires
de la
prolétarisation,
restent
heuristiques
et
régulièrement
activées.
La
dernière
expérimentation
a été
appliquée à
la France
une et
diversité du
vote
présidentiel
de 2007,
dans un
article
intitulé
Nicolas et
Ségolène ou
le mystère
de la Dame
de Vix
,
l'ébauche
en avait été
éprouvée
dans une
communication
au Colloque
l'Eté du
Lestamp 2007
à Nantes,
Espaces
Temps&Territoires,
édité dans
les
collection
Les cahiers
du Lestamp à
Nantes en
2011, le
tirage est
quasi épuisé
mais il est
disponible
dans nombre
de
bibliothèques
universitaires
et a été
réédité dans
le site
www.sociologie-cultures.com
.

Carte synthétique extraite de J Réault, Nicolas et Ségolène ou le mystère de la Dame de Vix, une sociologie politique des élections présidentielles en France référées aux écosystèmes sociaux populaires de reproduction ( J Réault 1989) et aux formes de prolétarisation (J R depuis 1977), à l'interférence de l'histoire du développement sur les fondamentaux anthropologiques de l'espace français... in J Deniot, J Réault, Espace, Temps et territoires. Cahier du Lestamp N° 2 Nantes 2010. Réédité in www.sociologie-cultures.com
__________________
L'Ouest-bouge-t-il est plus que jamais le livre référentiel dans la littérature scientifique récente inscrite dans le temps long (Christine Marjotic) des sociétés de l'ouest français avec la publication
de

Christine Margetic, Michaël Bermond, Valérie Jousseaume, Maxime Marie (coordinateurs scientifiques)
ATLAS DES CAMPAGNES DE L’OUEST
Presses Universitaires de Rennes, 2014, 299 p, 35 euros
Fruit d’une collaboration entre 70 auteurs, pour la plupart géographes et sociologues, ce copieux atlas souhaitait, en guise d’anniversaire, faire écho à l’ouvrage publié en 1983 à l’initiative du CNRS, « L’Ouest bouge-t-il ? » lui-même témoin des évolutions de 30 années de bouleversements sociaux et culturels. Jeudi 24 juillet 2014, par Xavier Leroux
Site La
Cliothèque.Clio.nautes

ESPACES ET
SOCIÉTÉS
Atlas des
campagnes de
l’Ouest.
Presses
Universitaires
de Rennes,
2014, 299
pages, ISBN
978-2-7535-3373-8
Michael
BERMOND,
Valérie
JOUSSEAUME,
Christine
MARGÉTIC et
Maxime MARIE
Près
de
soixante-dix
géographes
et
sociologues
des
universités
de l'Ouest,
principalement
membres de
l'équipe de
recherche du
CNRS
"Espaces et
SOciétés"
(ESO), se
sont
associés
pour dresser
par touches
juxtaposées,
le portrait
actuel des
campagnes de
l'Ouest
français,
entre
l'estuaire
de la Seine
et celui de
la Gironde.
Au
cours des
Trente
Glorieuses,
les
fondements
paysans des
sociétés et
des
territoires
de l'Ouest
étaient tout
juste
ébranlés par
l'essor
économique
de
l'industrialisation.
En 1983,
l'ouvrage L'Ouest
bouge-t-il
? laissait
encore
planer le
doute.
Une
génération
plus tard,
au milieu
des années
2010, la
réponse est
évidente :
oui, l'Ouest
bouge ! Et
les
bouleversements
sont
immenses !
Cet
atlas décrit
le résultat
de ces
fabuleuses
mutations
sociales et
territoriales,
en cinq
parties aux
titres
évocateurs :
"De
l'enracinement
aux nouveaux
ancrages",
"De la
paroisse à
la
communauté
de
communes",
"Du village
au
lotissement",
"Du modèle
agricole
intensif à
l'AMAP",
"Des
campagnes
laborieuses
aux nouveaux
paradis
verts".
Organisé
autour de
cartes
inédites, de
schémas, de
croquis et
de
nombreuses
photographies,
l'Atlas des
campagnes de
l'Ouest
s'articule
en thèmes,
traités en
doubles
pages.
Rédigées
dans un
style
accessible à
tous,
chacune de
ces planches
illustre de
façon
concise, une
des facettes
des espaces
ruraux
contemporains
de Bretagne,
Basse-Normandie,
Pays de la
Loire et
Poitou-Charentes.
En fin
d'ouvrage,
la riche
bibliographie
est
complétée
par une
liste des
albums de
bande
dessinée,
ainsi que
par une
filmographie
des fictions
et
documentaires.
Vers le
site de
l'éditeur
:
www.pur-editions.fr
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